Vue de l’extérieur, la maison est une unité. Vue de l’intérieur, c’est plutôt une multiplicité. En effet, autant de pièces, autant de lieux, chacune ayant son caractère propre, son âme, son génie. Certaines pièces sont censées protéger l’intimité (la chambre, la salle de bain, les toilettes), d’autres doivent pouvoir accueillir des invités et des hôtes (le salon, le séjour, la chambre d’amis). Certaines sont dévolues au travail (le bureau, la cuisine, la buanderie), d’autres au repos. La maison a aussi ses lieux reculés, qui effraient les enfants : le grenier, la cave. Enfin, prise au sens large, la maison inclut des espaces extérieurs : balcon, terrasse, jardins, qui en renforcent l’agrément et la valeur.
Une nuance de taille, toutefois. L’habitat rural traditionnel, très répandu jusqu’au XIXe siècle, ne comprend qu’une ou deux pièces pour vivre. Il faut parfois ajouter à cela une partie consacrée aux animaux. Mais les contraintes techniques, à commencer par le chauffage, l’éclairage, limitent mécaniquement la possibilité de démultiplier les espaces d’habitation.
La coexistence de tous ces espaces en un seul lieu pose des problèmes d’aménagement. L’art traditionnel chinois nommé feng-shui, et plus généralement les architectes d’intérieur, s’efforcent de fluidifier l’espace tout en satisfaisant de nombreuses contraintes fonctionnelles (rangements, intimité…). Il reste que ces différentes « espèces d’espace », pour reprendre un titre célèbre de Georges Pérec, confèrent à la maison son charme, sa poésie, son mystère.