Pour réfléchir sur la maison, il est bon de ne pas s’en faire une vision trop idéalisée, celle véhiculée par les magazines et les émissions de décoration intérieure. De fait, il est des maisons insalubres, décaties, « ni faites ni à faire ». La culture populaire le sait, de Renaud qui chante « Qu’il est blême, mon HLM » à Nougaro qui décrit la promiscuité dans les maisons des bidonvilles : « Dans les chambres, l’herbe pousse. / Pour y dormir, faut se pousser. »
La langue aussi, qui abonde d’expressions pour nommer ces maisons. La « masure » désigne d’abord, au Pays de Caux, en Normandie, une habitation rurale, mais aussi et surtout un édifice en ruines, une habitation misérable, délabrée. « Taudis » et « galetas » sont des logements sordides qui ne satisfont pas aux conditions de confort et d’hygiène minimales. Zola, dans Travail, remarque et critique l’accumulation d’habitats à bon marché dans les villes, sous la pression de l’exode rural et de l’essor de la civilisation industrielle : « Un siècle ou deux de misère avaient abouti à ce cloaque de logements à bon marché, d’où les expulsions étaient quand même fréquentes, si bas que fussent les loyers de certains taudis. »
Aujourd’hui, on appelle « marchands de sommeil » ces bailleurs qui fournissent un hébergement onéreux dans des conditions indécentes. La loi Élan, votée en 2019, contient ainsi des mesures pour renforcer la lutte contre l’habitat indigne, et plus particulièrement contre les marchands de sommeil, qui tirent profit de la détresse des personnes fragiles.