Au coin de la rue, l’aventure (1982) est le titre d’un ouvrage d’Alain Finkielkraut qui remet à l’honneur la rue comme pourvoyeuse de rencontres et d’aventures.
D’abord, la Renaissance montre la rue, la belle rue : dans La Place Royale (1636), Corneille situe son intrigue amoureuse à l’extérieur, sur la Place Royale (nouvellement Place des Vosges). Au sommet de son art dramatique, il respecte scrupuleusement la règle des trois unités préconisées par Nicolas Boileau dans l’Art poétique (1674) : « Qu’en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli ».
Edgar Allan Poe, dans L’Homme des foules (1840), quitte les beaux quartiers parisiens et la rigueur classique pour nous plonger dans les rues sordides de Londres où une foule anonyme est minée par l’alcoolisme et le choléra.
Dans Bel Ami (1885) de Maupassant, tout est à nouveau affaire d’opportunité dans la rue à travers l’ascension sociale de Georges Duroy, aspirant journaliste, cynique et ambitieux.
À la même époque, lassé par cette vie parisienne amorale qui allait si bien à Georges Duroy, Jean des Esseintes, anti-héros d’À rebours (1884) de Joris-Karl Huysmans, se retire à Fontenay-aux-Roses dans un temple de solitude et d’oisiveté.
Loin de cette retraite forcée, James Joyce ouvrira dans Gens de Dublin (1914) la rue à l’envergure d’une capitale : Dublin s’y révèle duelle, tiraillée entre misère post-industrielle et bourgeoisie décadente.
Le cinéaste Tom Tykwer mettra à l’honneur une autre capitale dans Cours Lola, cours ! (1998) : Berlin, près de dix ans après la chute du Mur, est arpentée dans toute sa modernité pour notre héroïne en fuite.
En 2020, le confinement forcé lié au COVID-19 a relancé notre attrait pour l’extérieur : nous recherchons davantage la micro-aventure définie par Alastair Humphreys en 2012. L’aventure recommence bien au bout de la rue !