Le principe de l'expression individuelle ou collective sur un mur remonte à l'apparition des premières grandes agglomérations. Ainsi, les notices publiques qui annoncent les décisions officielles et les lois des premières civilisations peuvent être considérées comme les ancêtres du graffiti.

D’abord, la gravure sur stèle à Babylone, comme le Code de Hammurabi, met à l’honneur le régent de la Mésopotamie et consigne les règles de justice du royaume. Ensuite, l’axone de la Grèce antique est un panneau de bois pivotant qui présente les lois démocratiques de la Cité. Enfin, l’album de la Rome antique est un mur blanchi à la chaux sur lequel on écrivait au pinceau rouge les annonces et les actes publics.

Dans L’art se rue (2011), Karen Brunel-Lafargue présente une histoire du street art et rappelle à bon droit que si le graffiti illégal est réprimé d’une peine délictuelle de vandalisme, la fresque est en revanche légitimée et même encouragée par des fonds étatiques. 

Le plasticien Ernest Pignon-Ernest, précurseur de l’art urbain en France, utilisera le premier, dès les années 1970, la technique du pochoir, qui permet une rapidité d’exécution et une discrétion propice à cet art illégal. Il sera rejoint dès les années 1990 par Banksy, artiste anonyme qui devient la plus grande star du street art à travers des œuvres engagés et utopistes, comme sa série de pochoirs absurdes sur les murs de Gaza, que l’on peut admirer dans le documentaire Faites le mur (2010). 

Un disciple de Banksy, Combo, troque le ton revendicatif de son maître en faveur de davantage de pacifisme en graffant, notamment sur les murs de Sarcelles, un symbole de paix (Coexist) alliant l’étoile de David, la croix de Jésus et le croissant de l’Islam.