En France, la mise en avant du comédien comme seul promoteur du geste comique trouve sa source dans la figure du ménestrel du Moyen-âge, un comédien et chanteur qui faisait partie des domestiques des grands seigneurs. Ensuite, l’Italie du XVIe siècle voit naître la commedia dell’arte, littéralement « théâtre des artistes », où s’affrontent en des quiproquos endiablés des figures stéréotypées tels Pantalon (le vieil avare), le Docteur (le faux savant) ou encore Colombine (la jeune fille rusée). Héritier de cette comédie italienne, Le mariage de Figaro (1778) de Beaumarchais offre un long monologue (V, 3) au valet Figaro qui exprime ses angoisses et son désir d'ascension sociale.
La figure du clown, héritée de la commedia dell’arte, souvent mélancolique et grotesque, sera le trait d’union parfait qui aboutira à une forme terminale de comédie née dans les cabarets au XIXe siècle autour d’un comédien unique qui brise constamment le quatrième mur : le stand up. Traditionnellement rodé à la chanson et au sketch burlesque, le comédien de stand up du XXIe siècle sera davantage tourné vers l’introspection et l’auscultation des dérives de nos sociétés modernes.
D’abord, le comédien afro-américain Dave Chappelle ouvre la voie en égratignant les préjugés raciaux dans le Chappelle’s Show (2003-2006) ; ensuite, Louis C. K. sonde avec humour noir le mal-être de l’incel, culture des communautés en ligne dont les membres se définissent comme des hommes blancs involontairement célibataires, dans Louie (2010-2015) ; enfin, Florence Foresti, dans un comique d’inversion des rôles, retourne les préjugés sexistes dans son show Boys, Boys, Boys (2022).