La rue est un espace ouvert, propice à la balade et aux rencontres, instituées en véritable philosophie de vie dans certains pays tel que l'Espagne, où il existe la pratique du paseo, que l'on retrouvait déjà chez Cervantès, dans le second tome de Don Quichotte (1615).

Au cours du XVIIIe siècle, l’arpenteur des rues devient alors un promeneur solitaire. Cette nouvelle habitude de déplacement dans l’espace – sans but, gratuit et à pied – a grandement influencé les modes d’écriture. Inspiré par ses déambulations, Montaigne confiera, dans les Essais III (1580), avancer dans son écriture « à sauts et à gambades ».

Après Montaigne, Rousseau avec Les Confessions (1765) impose la figure du flâneur – figure qui deviendra centrale dans la deuxième moitié du XIXe siècle ; du promeneur au flâneur, les préoccupations changent, la pensée oscille en une multitude de directions mouvantes, parfois contradictoires.

Quant aux Nuits d’octobre (1868) de Gérard de Nerval, le rôdeur y est bel et bien menacé du cachot. De même, la figure du vagabond a été exemplairement exploitée dans Le vagabond (1836) de Victor Hugo : « Un étranger est un fantôme/Les murs ne le connaissent pas ».

Dans Chute Libre (1993) de Joel Schumacher, Michael Douglas quitte peu à peu son calme d’employé de bureau pour une folie meurtrière : la promenade devient anxiogène.

Dans L’Invention de Paris : il n’y a pas de pas perdus (2002), Éric Hazan livre l’un des plus beaux livres modernes sur une traversée historique, géographique et engagé politiquement de Paris.