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Donner à manger, un moment particulier de la vie sociale

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Festins et repas conviviaux

Inviter quelqu’un à manger est une façon de se mettre en scène : on décide du menu, on place les gens, on décore la table… Autant de choix qui révèlent l’image de soi que l’on veut donner. Au restaurant aussi, d’ailleurs, on choisit le lieu et l’ambiance si l’on invite quelqu’un en fonction de l’impression que l’on veut donner. En outre, on surveille souvent ses propres propos : on n'évoque pas des questions intimes dans un repas d’affaires ou dans un dîner mondain, tout comme on n'aborde pas des discussions en lien avec le travail dans un dîner galant ou dans un repas de fin d’année. 

Le festin est une tradition très ancienne. Peut-être même existait-il dès la Préhistoire, mais c’est dans l’Antiquité qu’il a été le plus développé : ils constituaient un événement fréquent, pour les hommes libres seulement. Ces rencontres étaient des « symposiums », de deux racines grecques qui signifient « boire ensemble » : après des nourritures peu riches, les hommes libres poursuivaient leurs discussions. Plaisirs de la réflexion, de la parole et de la chair allaient ensemble. En Grèce, puis à Rome, ces banquets ont donné lieu à une riche littérature, notamment philosophique. 

De nos jours, les repas de fêtes sont l’occasion de se retrouver entre amis, entre collègues, en famille. Les occasions ne manquent pas, qu’elles soient intimes (anniversaire, mariage, retrouvailles) ou qu’elles correspondent à des dates fixées par des institutions (fêtes religieuses, commémoration nationale). Ces repas peuvent nous amener à rencontrer des gens que nous connaissions ou que nous ne connaissions pas auparavant. Ils sont un moment de convivialité particulier à une époque que l’on qualifie d'individualiste.

Quand le festin tourne au vinaigre

Le repas est chargé émotionnellement : manger fait ressurgir des souvenirs qui peuvent nous submerger. Marcel Proust, dans un passage célèbre de son roman Du Côté de chez Swann, raconte comment manger une madeleine trempée dans du thé a provoqué la réminiscence d’un souvenir enfoui de son enfance. L’expression en est restée, nous avons tous nos propres « madeleines de Proust », des aliments, notamment, qui ont le don de nous replonger dans notre passé quand nous les rencontrons à nouveau. Mais ce retour n’est pas toujours heureux et apaisé. De manière plus complexe, des médecins ont montré que les troubles alimentaires, anorexie et boulimie, pouvaient être liés au désir d’oubli, de se concentrer sur un problème alimentaire permettant de se détourner d’un événement traumatisant et du souvenir de cet événement qui peut même être d’ordre familial et non personnel. 

Quant aux moments de convivialité, ils sont souvent le lieu de tensions : retrouvailles compliquées, discussions familiales et/ou politiques, révélations diverses… Les repas sont souvent l’occasion de conflits importants, traités dans la littérature et dans l’art sur le mode sérieux parfois, mais bien souvent sur le mode comique ou tragique. Sur le mode comique : les conflits ont des objets futiles et les tensions sont disproportionnées, le repas échappe à toute maîtrise rationnelle, les conflits sont ridicules… Sur le mode tragique : les personnages impliqués dans le conflit souffrent de ce qui est dit ou ne l’est pas, les révélations transforment les rapports familiaux, la parole ne peut se libérer… C’est que les repas sont des moments au cours desquels les rapports d’autorité demeurent, voire sont mis en scène aux yeux de tous. 

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