Les théories sociologiques affirment qu’un film est toujours plus ou moins le reflet des peurs et des attentes de la société. Si on élargit ce principe aux autres formes d’art, analysons les représentations du sport, qui appartient à la culture populaire. L’image sportive est ambivalente. Elle peut porter des revendications pour faire bouger les choses (ex : photo du podium des JO de 1968, ou simplement les sportifs prêtant leur image pour des causes caritatives) mais aussi camoufler les problèmes sous une ambiance festive (ex : la finale de 1998 effaçant un contexte tendu). Les présidents sont bien conscients de ce fait et s’affichent comme des supporters, parce que l’équipe représente la nation, mais aussi parce que l’engouement populaire va les porter. Cette idée « d’union nationale », de cohésion sociale, passe beaucoup par la TV et la retransmission des matchs, accompagnés de commentaires qui galvanisent la masse des spectateurs et contribuent à créer un imaginaire collectif.
Constitution d’un imaginaire personnel et collectif
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3. Constitution d’un imaginaire personnel et collectif
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3.2. Audiovisuel et sport, outils de propagande
Les régimes totalitaires ont très vite compris l’intérêt de l’audiovisuel comme vecteur de propagande et ont mené des recherches en ce sens. Cela a abouti à des avancées dans les méthodes et les technologies que le cinéma « classique » s’est appropriées ensuite, sans afficher leurs origines honteuses. Le sport au cinéma est-il un moyen de renforcer cette propagande ? Le cas de Leni Riefenstahl est ambigu : elle a magnifié les JO sans qu’après la guerre on puisse clairement lui reprocher d’avoir fourni un « outil marketing » aux Nazis. C’est peut-être parce que cette propagande marche par contiguïté : le sport flatte des valeurs universelles et positives dans lesquelles tout le monde peut avoir envie de se projeter, mais le tour de passe-passe consiste ensuite à subtilement sous-entendre que toutes ces valeurs sont incarnées par le régime totalitaire. On passe donc par la suggestion, renforcée par l’exaltation de sentiments forts, et non par la réflexion : le public est manipulé.
3.3. Entre la bête et le surhomme : le sportif, être humain fantasmé
La représentation du sportif par opposition à l’intellectuel tombe parfois dans le cliché (relayé par certaines séries TV et films). Tendance moderne, car pour les Grecs de l’Antiquité, beau corps / belle âme allaient de pair. Le côté animal qu’on prête à l’athlète est ambigu, car il est à la fois bête (dans les deux sens du terme) et objet de convoitise / jalousie sexuelle (ex : poème de F. Ponge). A l’opposé, le sportif est aussi un surhomme, incarnation de valeurs et d’exploits au-dessus du commun des mortels (ex : Y. Diniz), avec l’étiquette de « modèle à suivre » mais aussi un côté nietzschéen qui a hélas plu aux régimes totalitaires. L’iconographie actuelle peut parfois nous montrer ces vedettes comme de vrais dieux (du stade), signe que notre imaginaire visuel est encore imprégné de l’Antiquité (ex : pub pour le parfum Invictus). Est-ce pour toutes ces raisons qu’un sportif déchu fascine autant le public, que ce soit dans les faits divers ou au cinéma (ex : « The Wrestler ») ?