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Le silence comme limite de la représentation

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Le silence : expérimentations et limites

L’art moderne renoue avec le silence, mais cela ouvre des questionnements. Il ne peut jamais être total (les expériences en « chambre sourdes » l’ont prouvé) ni vraiment contrôlé (ex : les petits bruits ambiants dans « 4’33’’ » de J. Cage ou « l’instant décisif » dû au hasard qui fige « le silence intérieur » chez Cartier-Bresson). 

Ce silence artistique est subjectif, propre au ressenti de l’artiste, et n’est donc pas totalement transmissible au public (ex : taches de couleurs de Kandinsky, transcriptions colorées d’un concert, expression d’un sentiment plus qu’une vraie synesthésie / Cartier-Bresson, pour qui le silence intérieur de ses modèles devait faire écho à celui du photographe pour que la magie opère.) 

Le culturel se mêle à ses difficultés d’interprétation. Le silence est plutôt synonyme de tolérance plus ou moins grande au bruit, qui varie selon les pays, tout comme la façon dont on l’interprète (ex : « Qui ne dit mot consent » occidental / silence réprobateur asiatique).

Du muet au parlant : repenser le statut du silence

Si peinture et photo sont par définition des arts silencieux, le cinéma aura eu le choix. Les débuts muets du 7ème art étaient-il un handicap (les « cartons », intertitres avec du texte, se devaient de préciser l’histoire ; le jeu des acteurs était outré pour être compréhensible ; etc.) ou bien source de créativité (Chaplin, longtemps réfractaire au parlant, a déployé des trésors d’inventivité visuelle pour créer des histoires claires et émouvantes à la fois) ? 

L’arrivée du son a-t-il amené les réalisateurs à faire moins d’efforts à l’image ou leur a-t-il au contraire donné un moyen de contrôler tout le processus de création filmique (la musique était aux mains des orchestres d’antan) ? Paradoxe : l’abandon du muet a révolutionné la manière de penser la conception d’un film mais a en même temps redonné toute son importance au silence, car comme il détonne à présent que le son est la norme, il peut être utilisé à profit pour souligner l’action et jouer sur le ressenti des spectateurs.

Le silence en audiovisuel : difficultés de représentation

Au cinéma, la représentation du silence est d’abord sonore, bien sûr, même si les coupures son totales restent rares car le public a alors tendance à croire à une erreur technique. Le cinéma muet lui-même n’était pas silencieux, car accompagné d’orchestres, du bruit du projecteur, etc. Même de nos jours, on ne peut annihiler les petits bruits à l’intérieur d’une salle de cinéma ou dans son salon ! 

Cette difficulté de représentation du silence peut être contournée de deux manières : soit en diffusant un bruit neutre pour éviter cette impression de « trou sonore », soit en utilisant (et parfois maximisant) de petits bruits anodins qui soulignent le calme de la scène (ex : froissement de tissus, etc.) Autre difficulté : comment faire comprendre l’histoire quand elle se passe dans des lieux insonorisés (ex : dans l’espace, sous l’eau, etc.) et que l’image seule peut être ambiguë ? Comme du temps du muet, la musique va alors guider la compréhension (ex : « Gravity »).

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