Le sport est à la fois un objet et un support pour « l'analyse des rivalités de pouvoir sur un territoire » à la fois dans le temps et dans l'espace. Illustrant la définition de la géopolitique qu’en donne le géographe Yves Lacoste, le sport est un sujet géopolitique idéal. Par le prisme des représentations contradictoires qui animent les acteurs du sport, ceux qui s’en servent ou encore ceux qui en parlent, il permet de comprendre les rapports de force, les relations et les tensions qui agitent toutes les composantes de la scène internationale.
Une géopolitique du sport se manifeste avec force depuis la renaissance très politique des Jeux olympiques modernes. En effet, le sport s’affirme comme un moyen de l’affirmation de la nation et des États a fortiori aux lendemains de la guerre de 1870 et des ambitions notamment coloniales des puissances occidentales à la fin du XIXe siècle. Le sportif contribue à l’ancrage du fait national. Il personnifie alors la nation et la valeur d’un peuple au risque d’un nationalisme exacerbé.
Dans la lignée des idées développées par Norbert Elias et Eric Dunning dans Sport et civilisation, la violence maîtrisée, publié en 1994, le sportif permet l’opposition entre sa patrie et les nations concurrentes d’une autre manière. Il devient, dans les compétitions internationales, l’étalon de la puissance de l’État, et il la représente par ses succès et ses médailles. Il participe enfin à l’expression des passions sans qu’il n’y ait de violence à réprimer ou de morts à déplorer.