Le sport moderne est politique par essence. Sa politisation et son développement sont consubstantiels à l’affirmation de la démocratie parlementaire, du capitalisme et des nationalismes. Que l’on songe à la relance des Jeux olympiques par le Baron de Coubertin ou à l’usage des Coupes du monde par le fascisme italien en 1934 et 1938, ou l’Argentine de 1978, le sport n’échappe ni aux intérêts nationaux ni aux rapports de puissance entre États.
Contrairement aux idées reçues, la politisation du sport est le propre des démocraties et des régimes totalitaires. En effet, pour reprendre l’expression de Ronald Hubscher dans l’ouvrage L’Histoire en mouvements, le sport dans la société française (XIXe-XXe siècles) qu’il a co-écrit avec Jean Durry et Bernard Jeu en 1992 : « le sport a toujours été pris “dans le filet des idéologies” aussi bien dans les dictatures que dans les pays de démocratie libérale ».
Le sport est, depuis le début des sports modernes, un outil, un enjeu et un révélateur des relations internationales. Jean Meynaud dans Sport et politique en parlait déjà en 1966. L’historien Pierre Milza, en 1984, dans le numéro spécial Sport et relations internationales de la revue Relations internationales poursuit l’analyse : « Phénomène de masse, étendu de nos jours à l’ensemble de la planète, traversé par toutes les idéologies du siècle, indicateur de la puissance et du déclin des nations, tantôt révélateur, tantôt manipulateur du sentiment public, substitut de la guerre et instrument de la diplomatie, le sport est au centre de la vie internationale. Mais c’est aussi une composante, un reflet de la vie internationale et un moyen de la politique étrangère ».