Entre le XIVe et le XVIIIe siècles, le statut des artistes évolue : ils passent du statut d'artisan médiéval à celui d'artiste au sens académique du terme. Jusqu'à la fin du Moyen Âge, peintres et sculpteurs sont considérés comme des artisans, comme des non intellectuels travaillant les « arts mécaniques ».
L'installation de certains artistes en Italie et le retour des autres dans leurs pays d'origine, montrent une évolution progressive de la place de l'artiste dans la société, dans sa relation à l'institution, au monde économique, au marché de l'art et au mécène. La vie quotidienne des artistes, dans sa dimension sociale, culturelle, économique ou religieuse permet de rendre compte de l’évolution du statut d’artiste. Deux manières de travailler s’imposent alors aux peintres : son mécène le loge dans son palais et subvient à ses besoins (servitù particolare), en échange, le peintre travaille pour lui et son réseau ou l’artiste peint sans se soucier d’un destinataire particulier et expose, dans les Salons, dans l’espoir de trouver un acquéreur.
L'Académie offre désormais la possibilité, même aux peintres issus des basses classes sociales, d'entrer parmi les élites et de faire partie de leur monde. Les jeunes artistes peuvent obtenir un rang, grâce uniquement à leurs connaissances et à leur talent. Une fois accordé, le titre d'académicien ne peut pas être transmis à une autre personne, il est attaché à un seul individu, à celui qui l'a reçu. Une fois devenu académicien, le statut du peintre change : il est protégé de l'abus des corporations et, très important, il est désormais regardé comme un artiste reconnu et non plus comme un artisan. Il a la possibilité de présenter ses œuvres à un public d’amateurs lors des expositions organisées par l'Académie royale (les Salons), ce qui est une innovation très importante dans la vie artistique car jusque-là, le public ne pouvait voir les tableaux que dans les lieux religieux.
Ces expositions régulières offrent l'occasion pour les amateurs, de plus en plus nombreux, d'accéder aux œuvres. Mais c’est, selon Pierre Francastel, la raison de l'affaiblissement de l'institution car les amateurs ou collectionneurs privés réclament un art à la dimension de leur vie privée, de leurs intérieurs et de leurs plaisirs et non pas à la mesure du seul souverain. L'Académie, en effet, favorise les « grands » genres au sommet de la hiérarchie picturale, comme les peintures d'histoire et les scènes allégoriques de grandes dimensions et adaptées à la résidence royale, alors que les genres dits secondaires (paysages, natures mortes, scènes de genre) sont négligés.