Postulat de départ : pour étudier la matérialité d’une œuvre, il est important de la voir en vraie et non en reproduction !
Les œuvres sont constituées de différents matériaux : chaque matériau possède des caractéristiques physiques propres (textures, couleurs, forme, qualité) qui supposent des techniques spécifiques lors de son utilisation. Ces caractéristiques peuvent être utilisées à l’état brut ou transformées. Le matériau est ce avec quoi est faite une œuvre et pourra lui donner sa matérialité.  Des sculptures africaines où bois, perles, fibres végétales s'assemblent à La Mariée mise à nue par ses célibataires, même (ou Le Grand Verre), de Marcel Duchamp, on remarque que les artistes exploitent les potentialités des matériaux dans leurs œuvres.

Les questionnements liés aux matériaux et aux couleurs sont souvent corollaires : la matière colorée transforme les matériaux, les supports, les formes ou est transformée par des matériaux ou outils selon les desseins de l'artiste. Les œuvres de Pierre Soulages, par exemple, interrogent les effets de la matière et de la couleur, en réaction à une source lumineuse.

Papier lisse ou papier à grain comme dans les dessins de Georges Seurat, toile enduite ou de jute pour Antoni Tàpies, bois poncé pour La Joconde de Léonard de Vinci ou Les Epoux Arnolfini de Jan Van Eyck, ou bois brut, le support bidimensionnel est un matériau qui induit des effets sur le travail en surface.

Pour agir sur les matériaux et les matières colorées, les artistes utilisent ou créent des outils. Nicolas de Staël utilise la spatule (ou couteau à peindre) pour créer des empâtements dans la matière colorée. Alberto Giacometti modèle à l'ébauchoir ou à la mirette ses formes dans l'argile malléable. Jackson Pollock, inspiré par Max Ernst, utilise un sceau troué pour mettre au point sa technique de l'Action Painting et du Dripping. Fabienne Verdier, formée auprès de calligraphes chinois, travaille avec des pinceaux gigantesques chargés de 60 kilos d'encre.