Analyse de l'image / Méthode d’analyse de l’image

Face à une image, on peut se poser plusieurs types de questions. Ces types de questions correspondent à des niveaux d’analyse. Pour comprendre une image, il faut impérativement passer par ces quatre niveaux d’analyse (contextuelle, plastique, référentiel, symbolique).

Pour lire correctement un tableau, il faut avoir quelques repères en histoire de l’art. Rappelons les principaux mouvements qui nourrissent la peinture :

• Le baroque (mouvement, déséquilibre, fantaisie, profusion, contrastes, illusions…) vs le classicisme (immobilité, équilibre, sobriété, harmonie…). Ce sont des tendances qui traversent la peinture, quelle que soit l’époque. On considère également que ce sont des mouvements ancrés dans une période donnée : le XVIIème siècle.
• Le romantisme (début XIXème siècle) se tourne vers des sujets contemporains et valorise l’imagination.
• Le réalisme cherche à capter la réalité de façon non idéalisée et s’attache à des sujets ordinaires.
• L’impressionnisme (fin XIXème) fait sortir les peintres des ateliers : il s’agit pour eux de capter les effets de lumière, la beauté des paysages aux couleurs changeantes.
• Le cubisme (XXème) propose une représentation fragmentée et géométrique de la réalité.
• Le surréalisme (vers 1920) exploite les richesses du rêve et de l’inconscient.
• L’art abstrait (né vers 1910) joue avec les formes et les couleurs en se libérant de la représentation.

L’analyse contextuelle envisage des questions concrètes, historiques, sociologiques. Elle consiste à situer le cadre temporel et matériel de la production de l’image et à préciser la nature de l’image, ses fonctions. Elle s’appuie sur l’observation du texte qui accompagne en général l’image, mais aussi de l’image elle-même.

• Est-ce une photo, si oui, artistique, de reportage ? Est-ce une image animée ou fixe ?
• Est-ce une peinture, un dessin, un collage, une fresque ?
• Quelle a été la technique employée pour réaliser l’image ?
• Quand et par qui cette image a-t-elle été créée ?
• Quelle est, était sa finalité ? (religieuse, informative, esthétique, politique…)
• A quoi sert-elle, a-t-elle servi, où est-elle, était-elle exposée ?
• Dans quel contexte historique, spirituel, philosophique a-t-elle été conçue ?
• Représente-t-elle un mouvement artistique particulier (renaissance, préraphaélisme, impressionnisme, dada…) ?

L’analyse plastique consiste à regarder l’image pour définir ses caractéristiques plastiques. L’image est envisagée dans sa matérialité, indépendamment de ce qu’elle représente. Décrire une image sous l’angle de la plastique, c’est repérer les formes, les couleurs, les matières, les lignes et pouvoir décrire leur organisation dans l’espace de l’image. C’est repérer les choix de cadrage, d’éclairage, d’agencement voulus par celui qui a conçu l’image.

Couleurs : Y a-t-il une dominante en terme de couleurs ? Y a-t-il une tonalité particulière ? Autrement dit, les couleurs sont-elles chaudes, froides, sombres, claires ? Le peintre, le photographe, etc., ont-ils privilégié les couleurs primaires ? L’image est-elle un camaïeu ? Les tons sont-ils pastel, noir et blanc… ?

Formes : Y a-t-il une dominante de certaines formes ? L’artiste a-t-il privilégié les courbes et les arrondis, ou au contraire, des structures géométriques plus carrées, rectangulaires, triangulaires ? Les lignes horizontales sont-elles importantes ? Au contraire, les éléments verticaux dominent-ils ?

Matières : Distingue-t-on un rendu particulier des matières ? Autrement dit, le peintre ou le photographe a-t-il souhaité distinguer des éléments lisses, rugueux, granuleux ? La matière qu’il utilise est-elle présente comme telle ou se fait-elle oublier ? Voit-on les touches de peinture ? Peut-on parler de « travail à la pâte »?

Lumières : Y a-t-il une source de lumière visible ? Quels éléments sont éclairés ? Quels éléments ont été laissés dans l’ombre ? Y a-t-il des effets de clair-obscur (Rembrandt, peinture du XVIIe s.) ?

Plans : Y a-t-il des effets de perspective ? L’image s’organise-t-elle en plusieurs plans, distingués les uns des autres et aboutissant à un étagement en profondeur de ce qui est représenté ? Au contraire, n’y-a-t-il qu’un seul plan, tous les éléments semblant appartenir au même espace ? L’espace est-il clos, fermé par un plan, ou ouvert ? Où se situent les points de fuite ?

Orientation de l’image : L’image impose-t-elle un parcours particulier ? Est-elle latéralisée (de la gauche vers la droite, mouvement familier à la culture occidentale, ou de la droite vers la gauche) ? Comment l’œil circule-t-il dans l’image ?

L’analyse référentielle consiste, si l’image est de type figuratif, à comprendre et à décrire la scène représentée : que se passe-t-il sur l’image ?

1. Classiquement, la peinture distingue cinq genres de représentation : Histoire ; Mythologie , Scène de genre ; Nature morte ; Portrait.
2. Quels lieux sont représentés : intérieurs, extérieurs, nature, ville, bâtiments, ruines ? Sont-ils reconnaissables ? Réalistes ? Oniriques ?
3. Quels objets ? Disposés comment ? Avec quelles fonctions, quelle utilité ?
4. Quels personnages ? Hommes, femmes, personnages historiques, répertoriés par les traditions? Comment s’orientent, se caractérisent leurs regards ? Quelles actions réunissent ces personnages ? Que devine-t-on des rapports qu’ils entretiennent : complicité, haine, amour? L’événement représenté est-il d’ordre privé ou public ?
5. Y a-t-il un rapport entre les différents plans composant l’image (parallélisme, opposition) ? Comment passe-t-on de l’un à l’autre ?
6. Le spectateur est-il sollicité par les personnages ? Comment se situe-t-il par rapport à la scène représentée (en est-il spectateur, acteur indirect) ?
7. Le hors-cadre joue-t-il un rôle déterminant dans la représentation ? A-t-on besoin de lui pour comprendre ce qui se passe dans l’image ?
8. Rapport au temps ? Un instantané ? Dont on devine ou non l’issue ? Ou au contraire, plusieurs strates temporelles représentées côte à côte (type BD ou tableaux religieux) ?
9. L’image fait-elle référence à un texte connu ? A un événement célèbre ? A une légende ?
10. Y a-t-il des textes écrits qui vous aident à comprendre le sens propre de l’image (sens référentiel) ? Cette question vaut surtout pour la publicité.
    

L’analyse des significations consiste à dégager, si possible, le ou les sens « seconds » de l’image ; c’est-à-dire, ce qui constitue sa richesse, son intérêt, par delà l’évidence de ce qui est représenté. On peut dégager quelques principes qui vous permettent de passer du sens premier à une signification plus générale.

1. Les connotations, c’est-à-dire des associations d’idées culturellement codées permettent de dégager, à partir d’un objet concret, ou d’une couleur, une signification associée, souvent plus abstraite et plus générale (ex : le rouge renverra à l’idée d’intensité et de force, des formes courbes à l’idée de féminité…). Certains détails apparemment anodins peuvent ainsi contribuer à la cohérence d’ensemble du tableau ou de l’image. D’où l’importance de la notion de réseau et de correspondance : les objets tirent leur signification du contexte où ils se situent, des rapports qu’ils entretiennent avec les autres éléments présents. Il faut qu’un faisceau d’éléments aille dans le même sens pour que l’on puisse établir un sens connotatif sûr.
2. Les métonymies ou les synecdoques : l’image représente un détail, une partie de quelque chose ; mais par le biais de ce détail, c’est cette totalité qu’elle vise à évoquer dans son ensemble.
3. Les systèmes de signification symboliques strictement codifiées par l’usage : c’est le cas de la peinture religieuse médiévale, où les choses représentées sont souvent le symbole de certaines qualités associées aux personnages : le jardin clos ou les lys dans les tableaux représentant Marie symbolisent sa virginité ; ils mettent en image un attribut du personnage, donnent une sorte de leçon.