Sous la Ve République, il est rare que la couleur politique du gouvernement diffère de celle du Président de la République. En effet, les membres du gouvernement étant nommés par ce dernier et responsable devant lui, il est donc de bonne logique qu’il en assume également le choix et que ce choix se fasse au sein de sa famille politique. Mais le Gouvernement est aussi responsable devant l’Assemblée nationale de laquelle il tire sa stabilité. Que se passe-t-il lorsque la couleur de la majorité à l’Assemblée nationale et différente de celle du Président de la République ? Plusieurs hypothèses sont permises par la Constitution :

  • Le Président nomme un gouvernement de sa couleur politique. Celui-ci ne peut se reposer sur une majorité parlementaire lui assurant une stabilité et lui permettant de mener la politique de la Nation. Il s’ensuit un risque important de crises politiques successives, paralysant l’action du pouvoir exécutif, à l’instar de l’épisode de Mac Mahon sous la IIIe République.

  • Le Président nomme un gouvernement de la même couleur politique que celle de la majorité à l’Assemblée nationale. Celui-ci peut donc se reposer sur une majorité parlementaire acquise et mener à bien la politique de la Nation. Dans cette configuration, la détermination de la politique de la Nation échappe au Président qui s’efface et revient pleinement au Premier Ministre, conformément à la lettre de l’article 20 de la Constitution. C’est la cohabitation, au sein de l’exécutif de deux figures à la couleur politique différente.

On notera cependant que l’arrivée du quinquennat et la concomitance des élections législatives et présidentielles viennent quasiment annihiler les chances de survenance d’une nouvelle cohabitation sous la Ve République.