Au commencement des concours de tragédie dans la Grèce antique, le poète était seul comédien sur scène accompagné par le chœur accueilli dans « l’orchestra ». Autant dire, seul a géré la musique, les chants et la gestuelle. À l’époque d’Eschyle, un deuxième comédien est introduit comme en témoigne la pièce Les Perses. Sophocle aurait instauré un troisième comédien et serait l’inventeur de la toile de fond. Peu de temps après, le poète se retire de la scène pour laisser évoluer les comédiens.

Jusqu’à la fin du XIXe, il n’y a pas de metteur en scène à proprement parler. L’auteur lui-même ou un des acteurs coordonnait les déplacements sur scène. D’ailleurs, à l’image de Plaute ou Molière, beaucoup de dramaturges cumulaient les rôles d’acteur, d’auteur, de directeur de troupe, de metteur en scène et d’entrepreneur de spectacles.

L’art d’orchestrer tous les éléments comme les décors, les costumes, les musiques, les lumières, ainsi que le jeu des acteurs, afin de proposer sur scène une vision aboutie du texte, est née en France à la fin du XIXe siècle avec André Antoine et la création du Théâtre-Libre en 1887. André Antoine s’oppose au jeu exagéré du boulevard et, en s’inspirant des théories réalistes et naturalistes de l’époque, il cherche à offrir au spectateur un jeu au plus près de la vérité.

Dès lors, le métier de metteur en scène est né et son rôle ainsi que son importance ne fera que s’accroître au cours du XXe siècle notamment avec l’arrivée de nouvelles technologies dans les salles de spectacle.

Pour simplifier les choses, en France, on pourrait dire que la mise en scène s’ordonne en fonction des liens que le metteur en scène entretient avec le texte :

  • Les héritiers de Jean Vilar et de Louis Jouvet prônent une mise en scène dans le strict respect du texte. Le rôle du metteur en scène est de donner à voir un texte et la mise en scène s’inscrit dans le prolongement des intentions du dramaturge.
  • Les héritiers de Peter Brook vont plus loin en s’inscrivant dans la conception scénique de « l’espace vide », une épuration totale du décor pour valoriser le texte à travers la voix, les gestes, l’espace.
  • Les héritiers d’Antonin Artaud et d’Adolphe Appia, au contraire, s’accordent à penser que le texte dramaturgique n’est qu’un point de départ. Le metteur en scène est libre et, d’ailleurs, on parle d’écriture scénique. Artaud introduit le concept du Théâtre de la cruauté : parce que la vie est cruelle, le comédien doit tout donner pour toucher l’extrême à travers un jeu aux dimensions mythiques et sacrées.
  • Les héritiers de Bertolt Brecht prônent un théâtre didactique en usant du processus de « distanciation », c’est-à-dire qu’il faut impérativement parvenir à susciter chez le spectateur une réflexion et, pour cela, l'acteur doit renoncer à l'identification avec son personnage.