Une tendance majeure de la critique actuelle conteste l'idée de clôture de l'œuvre, proclame la mort de l'auteur, distingue le lecteur réel du lecteur modèle et dénonce les vieilles lunes de la critique structuraliste. Dans une célèbre conférence, Foucault déconstruit chaque principe de la critique littéraire. soulignant une forme de prise de pouvoir ultime du lecteur sur l’autorité de l’auteur. En écho à ces idées, L'Œuvre ouverte d'Umberto Eco, ou Le vol du vampire de Michel Tournier : « La vocation naturelle, irrépressible, du livre est centrifuge. Il est fait pour être publié, diffusé, lancé, acheté, lu. La fameuse tour d’ivoire de l’écrivain est en vérité une tour de lancement. On en revient toujours au lecteur, comme l’indispensable collaborateur de l’écrivain. Un livre n’a pas un auteur mais un nombre indéfini d’auteurs. Car à celui qui l’a écrit s’ajoute de plein droit dans l’acte créateur l’ensemble de ceux qui l’ont lu, le lisent ou le liront. Un livre écrit, mais non lu, n’existe pas pleinement. » La création continuée de l’œuvre par le lecteur est à son tour mise en doute par Antoine Compagnon qui proclame : « La perplexité est la seule morale littéraire. »