La mimesis, ou l’imitation telle qu’elle a été conçue par Aristote est ce qui permet à la littérature d’expurger les passions, car elle est fondée sur le principe de vraisemblance de la narration. L’action théâtrale, le récit épique, le poème imitent « une action noble conduite jusqu’à sa fin ». Ce concept positif valorise le travail de l’artiste en réponse à Platon, qui après avoir accordé un rôle éducatif à l’imitation, la condamne car elle écarte les âmes des idées vraies. Bien plus tard, dépassant cette opposition reconduite à maintes reprises à travers les âges, Maupassant théorise l’art de la représentation romanesque en valorisant l’illusion. Il est impossible de représenter la réalité autrement que grâce à des techniques et des artifices qui en créent l’illusion. L’action, les personnages, les données spatio-temporelles constituent une charpente autonome. Roland Barthes pointe ainsi l’usage du passé simple dans le récit ainsi que la troisième personne comme « un mensonge manifesté ». A la fois vraisemblable et faux, le roman et l’art occidental en général sont censés contenir un germe d’universel.