L'anthropologie américaine (celle de Franz Boas, 1858-1942) avait insisté sur le fait qu'une coutume ne peut être comprise qu'à l'intérieur d'une société donnée.

À la fois influencé par ce courant et insatisfait par sa limitation, Lévi-Strauss a développé une nouvelle manière de pratiquer la comparaison, fondée sur la méthode des transformations. Une société ne peut être comprise dans sa particularité qu'en étant comparée à une autre.

Le structuralisme désigne la méthode pour répondre à la possibilité d’une connaissance comparative des cultures, en affirmant le primat de la relation sur les termes qui les unit.

Le concept de structure doit être distingué de celui de système :

N’est structuré que l’arrangement répondant à deux conditions : c’est un système, régi par une cohésion interne ; et cette cohésion, inaccessible à l’observation d’un système isolé, se révèle dans l’étude des transformations, grâce auxquelles on retrouve des propriétés similaires dans des systèmes en apparence différents. (« Le champ de l'anthropologie »)

Le système est subordonné au groupe de transformation. Restituer la logique propre d’une culture ne peut se faire qu’en comparant les cultures.

La notion de « transformation » remet en cause le partage entre monographie et synthèse comparative. La différence interculturelle n’est pas un constat second : c’est le seul objet que l’ethnologue peut se donner :

Mais en fait notre but dernier n’est pas tellement de savoir ce que sont, chacune pour son propre compte, les sociétés qui font notre objet d’étude, que de découvrir la façon dont elles diffèrent les unes les autres. « Les organisations dualistes existent-elles ? »

C’est la différence des sociétés qui les lient les unes aux autres. Lévi-Strauss détourne ainsi la linguistique de Saussure, pour lequel les écarts pertinents, ce sont les écarts entre les signes, non entre les langues.

Dans « De la possibilité mythique à l’existence sociale », Lévi-Strauss souligne que chaque mythe, qui en transforme un autre, est un moyen pour une société de se distinguer des autres et de trouver une autre manière de répondre à un même problème.

À partir des différences culturelles (systèmes de parenté et mythes), Lévi-Strauss s'interroge sur les invariants que l'on peut révéler. Selon Lévi-Strauss, les relations de transformation correspondent aux opérations intellectuelles qui ont donné naissance à ces faits sociaux :

Des règles existent, permettant de transformer un mythe dans un autre, et ces règles compliquées sont néanmoins cohérentes. D’où viennent-elles donc ? Nous ne les inventons pas au cours de l’analyse. Mieux vaudrait dire qu’elles se dégagent des mythes. Quand l’analyste parvient à les formuler, elles émergent à la surface, comme manifestations visibles de lois qui gouvernent l’esprit des gens d’une tribu entendant des voisins raconter un de leurs mythes. Ils l’emprunteront peut-être, mais non sans le déformer par l’effet d’opérations mentales dont ils ne sont pas les maîtres, « Structuralisme et écologie ».