« Les passions vraies ont leur instinct. Mettez un gourmand à même de prendre un fruit dans un plat, il ne se trompera pas et saisira, même sans voir, le meilleur. De même, laissez aux jeunes filles bien élevées le choix absolu de leur mari, si elles sont en position d’avoir ceux qu’elles désigneront, elles se tromperont rarement. »
Balzac, La Cousine Bette
« La Virginité, comme toutes les monstruosités, a des richesses spéciales, des grandeurs absorbantes. La vie, dont les forces sont économisées, a pris chez l’individu vierge une qualité de résistance et de durée incalculable. »
Balzac, La Cousine Bette
« Elle fut la Haine et la Vengeance sans transaction, comme elles sont en Italie, en Espagne et en Orient. Ces deux sentiments, qui sont doublés de l’Amitié, de l’Amour poussé jusqu’à l’absolu, ne sont connus que dans les pays baignés de soleil. »
Balzac, La Cousine Bette
« Cette route illogique était tracée par la logique des passions, toujours excessivement ennemie des jambes. »
Balzac, La Cousine Bette
« Rien ne démontrera mieux la singulière puissance que communiquent les vices, et à laquelle on doit les tours de force qu’accomplissent de temps en temps les ambitieux, les voluptueux, enfin tous les sujets du diable. »
Balzac, La Cousine Bette
« Tel était le dédale effroyable où les passions engageaient un des hommes les plus probes jusqu’alors, un des plus habiles travailleurs de l’administration napoléonienne : la concussion pour solder l’usure, l’usure pour fournir à ses passions et pour marier sa fille. »
Balzac, La Cousine Bette
« Tout est là, riches et pauvres, envieux et enviés, les philosophes et les gens à illusions, tous groupés comme les plantes d’une corbeille autour d’une fleur rare, la mariée. Un bal de noces, c’est le monde en raccourci. »
Balzac, La Cousine Bette
« Le Vice n’obtient pas facilement ses triomphes ; il a cette similitude avec le Génie, qu’ils exigent tous deux un concours de circonstances heureuses pour opérer le cumul de la fortune et du talent. »
Balzac, La Cousine Bette
« Les jouissances de la haine satisfaite sont les plus ardentes, les plus fortes au cœur. L’amour est en quelque sorte l’or, et la haine est le fer de cette mine à sentiments qui git en nous. »
Balzac, La Cousine Bette
« Femme en vue, femme souhaitée ! De là vient la terrible puissance des actrices. »
Balzac, La Cousine Bette
« Je vous offre mon bras. Puis-je espérer encore / que vous accepterez un cœur qui vous adore ? / En combattant pour vous me sera-t-il permis / de ne point vous compter parmi mes ennemis ? »
Racine, Andromaque, I, 4 Pyrrhus
« Hé bien, Madame, hé bien, il faut vous obéir : / il faut vous oublier ou plutôt vous haïr. »
Racine, Andromaque, I, 4 Pyrrhus
« Je sais que vos regards vont rouvrir mes blessures, que tous mes pas vers vous sont autant de parjures. »
Racine, Andromaque, II, 1 Oreste
« Et vous le haïssez ? Avouez-le, Madame, / l’amour n’est pas un feu qu’on renferme en une âme ;/ tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ;/ et les feux mal couverts n’en éclatent que mieux. »
Racine, Andromaque, II, 1 Oreste
« Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, / Entrant à la lueur de nos palais brûlants, / Sur tous mes frères morts se faisant un passage, / Et de sang tout couvert échauffant le carnage. »
Racine, Andromaque, III, 8 Andromaque
« Ô cendres d’un époux ! Ô Troyens ! Ô mon père ! / Ô mon fils, que tes jours coûtent chers à ta mère ! »
Racine, Andromaque, III, 8 Andromaque
« Quel plaisir de venger moi-même mon injure, / de retirer mon bras teint du sang du parjure, / Et pour rendre sa peine et mes plaisirs plus grands, / De cacher ma rivale à ses regards mourants ! »
Racine, Andromaque, IV, 4, Hermione
« Je ne t’ai point aimé, cruel ? Qu’ai-je donc fait ? / J’ai dédaigné pour toi les vœux de tous nos princes, / Je t’ai cherché moi-même au fond de tes provinces ; / J’y suis encore, malgré tes infidélités, / Et malgré tous mes Grecs honteux de mes bontés. »
Racine, Andromaque, IV, 5, Hermione
« Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire encore ? / Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ? / Errante, et sans dessein, je cours dans ce palais. / Ah ! Ne puis-je savoir si j’aime, ou si je hais ? »
Racine, Andromaque, V, 1, Hermione
« Hé bien ! filles d’Enfer, vos mains sont-elles prêtes ? / Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? »
Racine, Andromaque, V, Oreste
« L’objet de l’orgueil et de l’humilité est soi-même ; la cause de la passion est quelque excellence dans le premier cas et quelque défaut dans le second. »
Hume, Dissertation sur les passions, Section II
« Puisqu’il est possible de nous enorgueillir d’un pays, d’un climat ou de tout autre objet inanimé avec lequel nous sommes en relation, il n’est pas étonnant que nous puissions nous enorgueillir des qualités de ceux qui nous sont liés par le sang ou par l’amitié. »
Hume, Dissertation sur les passions, Section II
« L’approbation de ceux que nous estimons et approuvons nous donne plus de satisfaction que l’approbation de ceux que nous méprisons et dédaignons. »
Hume, Dissertation sur les passions, Section II
« Les hommes tiennent toujours compte des sentiments d’autrui pour se juger eux-mêmes. »
Dissertation sur les passions, Hume, Section II
« Nous passons sans peine de l’amour et de l’affection à l’orgueil et à la vanité ; mais pas de ces passions-ci à ces celles-là, en dépit de l’identité des relations. »
Hume, Dissertation sur les passions, Section IV
« Ce qu’on appelle communément raison (…) n’est rien d’autre qu’une passion générale et calme, qui embrasse son objet d’un point de vue éloigné et qui met en œuvre la volonté, sans susciter pour autant une émotion sensible. »
Hume, Dissertation sur les passions, Section V
« Il est fréquent que la connexion soit plus étroite entre deux passions quelconques qu’entre l’une d’entre elles, quelle qu’elle, soit et l’indifférence. »
Hume, Dissertation sur les passions, Section VI
« Une opposition de passions cause ordinairement un surcroît de mouvement dans les esprits animaux et produit plus de perturbation que le concours de deux affections quelconques de force égale. »
Hume, Dissertation sur les passions, Section VI
« La notion du devoir, quand elle s’oppose aux passions, ne permet pas toujours de les surmonter ; et quand elle échoue dans cette entreprise, elle parvient plutôt à les renforcer et à les irriter davantage, en produisant une opposition entre nos motifs et principes. »
Hume, Dissertation sur les passions, Section VI
« Rien n’est plus capable d’infuser une passion dans l’esprit que l’éloquence qui représente les objets sous les couleurs les plus violentes et les plus vives. »
Hume, Dissertation sur les passions, Section VI
