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Discours de la servitude volontaire - La Boétie

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Le XVIe siècle

L’humanisme est un courant intellectuel européen. L’invention de l’imprimerie (1450) permet aux intellectuels humanistes d’éditer les textes de l’Antiquité. Ils développent une conception de l’éducation, qui vise à susciter la curiosité, et à faire s’épanouir les qualités de l’enfant, en alternant lecture des grands textes antiques, dialogue avec le maître, et exercices physiques, pour former un homme digne de ce nom. « L’homme ne naît pas homme, il le devient » (Erasme).
Ils mènent une réflexion politique : au XVIe siècle on passe de l’Etat féodal, au pouvoir morcelé, à une monarchie centralisée. En France, François Ier, puis Henri II établissent leur autorité sur le territoire, construisent une administration, une justice et une fiscalité dépendant du pouvoir royal.

Vie et œuvre de La Boétie

La Boétie, né en 1530 milieu aisé, a reçu une éducation humaniste, d’abord dans son Périgord natal, puis à l’Université d’Orléans, où il a suivi de brillantes études de droit. En 1554, il prend ses fonctions au parlement de Bordeaux, où il se liera d’amitié avec Montaigne. Il aurait composé le Discours de la Servitude volontaire en 1546 ou 1548. Selon Montaigne, « il l’écrivit en manière d’essai en sa première jeunesse à l’honneur de la liberté contre les tyrans ». C'est son texte le plus célèbre, mais en vrai humaniste, il écrivit des sonnets, et traduisit des auteurs antiques.
Il meurt subitement en 1563. Publié en 1574, dans Le Réveille-matin, un recueil collectif d'inspiration protestante, le Discours réédité à toutes les périodes de lutte pour la démocratie.

Le sens du titre

Un discours : Le texte de La Boétie peut être lu comme une dissertation écrite par un adolescent nourri de culture classique. Il y exprime avec indignation et fougue sa haine de la tyrannie, illustrant son propos d'exemples tirés de Plutarque, Tacite et Suétone, dans un texte oratoire, rempli de raffinements stylistiques, d'images, à la manière des orateurs antiques.
La servitude volontaire : La Boétie réfléchit sur le politique, c'est à dire sur le rapport entre le gouvernant et les gouvernés, et plus spécifiquement sur les défauts de la tyrannie. Il cherche à comprendre pourquoi les peuples se soumettent à l'autorité du monarque, même lorsqu'elle ne s'exerce que par la force et la cruauté, et acceptent de renoncer à leur liberté. Comment expliquer la servitude volontaire ?

Plan du Discours de la servitude volontaire

Introduction

La Boétie commence par poser le problème et en délimiter les contours : il est incompréhensible que les peuples acceptent de servir un tyran, sauf à penser qu’ils le veulent.

Les causes de la servitude volontaire :

  • L’habitude : La nature a fait tous les hommes sur le même moule : compagnons et frères, la liberté leur est naturelle, comme il est naturel de la défendre. Si on y renonce, c’est parce qu’on en a perdu l’habitude. La servitude devient une seconde nature.
  • Les effets moraux de la tyrannie : La tyrannie rend les hommes lâches et efféminés, perdant toute vaillance, d’autant plus que le tyran s’emploie à flatter les plus bas instincts du peuple.
  • Le système tyrannique : Le tyran est servi par une administration servile, constituée de cupides tyranneaux, qui le servent au dépens du peuple.

Une conception de la nature humaine : raison, vertu et liberté

  • Le naturel de l'homme est raisonnable, la nature ayant disposé en tout homme "quelque naturelle semence de raison".
  • Ces "semences de raison" sont développées par l'éducation reçue des parents, auxquelles il est naturel d'obéir, comme chacun peut le constater. C'est l'éducation et la coutume qui font éclore ces semences de raison en vertus.
  • La liberté se déduit donc de la raison : il est naturel d'en jouir et de la défendre. Même les bêtes, pourtant faites pour le service de l'homme, renâclent lorsqu'on les en prive. L'histoire montre que les hommes libres sont moralement meilleurs que les hommes asservis.
  • La servitude ne peut donc être que contraire à la nature, et le résultat d'une entreprise de dénaturation de l'homme qui est de l'ordre du politique.

La tyrannie, dénaturation du pouvoir

  • Psychologie du tyran : Quelle que soit la manière dont il a acquis le pouvoir, le tyran en tire un sentiment de supériorité. Il oublie, alors que s'il existe les différences entre les hommes, c'est pour qu’ils vivent en compagnons, dans une solidarité et un respect mutuel. De plus, se sentant toujours menacé, le tyran ne se préoccupe plus que de maintenir son pouvoir.
  • Une dénaturation du pouvoir : Il entend en effet non gouverner mais être le maître. Aussi use-t-il de tous les moyens pour le rester : la force et la cruauté, pour inspirer la peur, le faste, pour impressionner, les jeux et les festins, pour flatter les bas instincts de la populace et l'empêcher de penser. Ses courtisans exécutent ses ordres par cupidité, renonçant à leur liberté, et faisant oublier la sienne au peuple.

Le souffle de la liberté

Le discours est un vibrant appel à la liberté, seule condition digne de l’homme. Cependant, on aurait tort de voir en La Boétie un révolutionnaire. Il n’appelle ni à tuer les tyrans (Brutus est mort d’avoir tué César, et n’a pas empêché l’avènement de l’Empire), ni à la démocratie ( il exprime un certain mépris pour le « gros populas ») En bon humaniste, il veut surtout faire comprendre les causes de la servitude volontaire et invite à repenser le lien entre les gouvernants et les gouvernés, sur le modèle d’un contrat qui maintienne la paix, la loi et la liberté. Pour y parvenir, il faut éduquer les princes, et les peuples, pour faire en sorte que chacun choisisse d'être homme, et de se comporter comme tel.
La Boétie initie donc un processus de maturation de la conscience politique qui se poursuivra jusqu'à nos jours.

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