L’accident, ici, ne désigne pas un événement dramatique, mais ce qui peut affecter un sujet sans le détruire. En ce sens, pour l’homme, être joyeux est un accident : il peut cesser de l’être sans disparaître. Est accidentelle une propriété temporaire ou superficielle. Par suite, ce que fait un être, ou ce qui lui arrive, non pas en vertu de son essence, mais pour quelque autre raison, se produit « par accident ». Aristote donne l’exemple d’un médecin, qui est malade et se soigne. C’est par accident que le médecin et le malade se trouvent être la même personne.

Au contraire, est essentiel ce qui appartient à l’essence de la chose, ce que la chose ne peut perdre sans cesser d’être ce qu’elle est. Une chaise, par exemple, ne peut être conçue sans dossier, qui est donc une partie essentielle de la chaise.

Cette distinction permet de préciser le sens du verbe « être », qui peut attribuer tantôt une propriété essentielle (« l’homme est un animal rationnel »), tantôt une propriété accidentelle (« il est dans la cuisine »).