La raison est un terme polysémique, mais l'on peut distinguer la raison :

  • comme une faculté propre à l'homme, capable de recourir à des concepts universels et à des raisonnements ;
  • comme une faculté des principes, à même de justifier un certain nombre de réflexions et d'affirmations.

Pourtant la raison, si elle est en droit universellement partagée, n'est pas toujours mise en pratique : la nécessité d'une méthode de connaissance et d'une morale (d'une éducation) soulignent qu'elle n'existe habituellement que comme une disposition en puissance qu'il faut actualiser. Cela conduit à interroger sur la puissance de la raison : est-elle capable d'elle-même de produire des effets ou bien n'est-elle qu'un idéal qu'il est difficile d'atteindre ?

Plus radicalement, on peut s'interroger sur la capacité de la raison à se justifier elle-même : l'instance de justification peut-elle justifier son propre pouvoir ? N'y a-t-il pas là une pétition de principe ? Mais si la raison ne trouvait pas son fondement en elle-même, cela aurait comme conséquence paradoxale qu'elle serait fondée par quelque chose d'irrationnel.

On distingue enfin le rationnel du raisonnable. Est rationnel ce qui est logique, ce qui est caractéristique d'un enchaînement sans faille de causes et d'effets. Est raisonnable ce qui vise un but juste au moyen d'un raisonnement valide. Le rationnel interroge la fonction théorique de la raison ; le raisonnable sa fonction pratique. Est-ce qu'il suffit d'être rationnel pour être raisonnable ? Suffit-il de savoir reconnaître et déduire le bien pour le mettre en pratique dans son action ?