Dans le chapitre VI de L’Interprétation des rêves, Freud rompt avec :

  1. l'idée que le rêve serait un domaine imaginaire, arbitraire, incohérent ;
  2. une interprétation qui ne s'attacherait qu'au contenu manifeste des rêves.

En prenant modèle sur les méthodes philologiques (analyse d'un texte), Freud considère le rêve comme le révélateur du fonctionnement de l'appareil psychique. Il pose au principe de son interprétation une distinction entre le contenu manifeste du rêve et son contenu latent :

Pensées de rêve et contenu de rêve s’offrent à nous comme deux présentations des mêmes contenus en deux langues distinctes, ou pour mieux dire, le contenu du rêve nous apparaît comme un transfert des pensées du rêve en un autre mode d’expression dont nous devons apprendre à connaître les signes et les lois d’agencement par la comparaison de l’original et de sa traduction.

Le psychanalyste est comme un philologue qui recherche derrière les variantes à reconstituer le texte original. Mais le rêve n'est pas qu'une variante inappropriée d'un texte original, il révèle un travail positif de l’esprit : les déformations

« ne sont pas vraiment des formes faussées de processus normaux, des fautes de pensées, mais au contraire les modes de travail de l’appareil psychique libéré de toute inhibition ».

Les déformations ne sont pas dues au hasard, mais à l'intervention d'une censure que le préconscient fait subir aux pensées inconscientes et qui porte sur les éléments les plus significatifs, qui sont refoulés.

Le processus de transformation se font :

  1. par une élaboration d'images qui traduisent des représentations inconscientes ;
  2. par l'invention ou la reprise de symboles, pour contourner la censure.

Freud précise ainsi deux opérations essentielles au travail du rêve :

  1. la condensation : chaque élément du rêve est un point nodal « où se rejoignent un très grand nombre de pensées du rêve ».
  2. le déplacement : il s'agit d'un transfert des intensités psychiques : « Dans la formation du rêve ces éléments essentiels, marqués d’un intérêt intense, peuvent maintenant être traités comme s’ils étaient de moindre valeur, et à leur place se mettent dans le rêve d’autres éléments qui dans les pensées de rêve était certainement de moindre valeur ». Il peut également prendre la forme d’une substitution et rendre les pensées du rêve méconnaissables.

On peut s'interroger sur la légitimité de présupposer des processus d'inversion, de déplacement ou de condensation : le rêve ne peut-il alors être la traduction de n'importe quel texte inconscient ?

Mais pour Freud l'analyse doit être guidée :

  1. par un souci de cohérence : les transformations doivent être systématiques et s'impliquer les unes les autres ;
  2. par un souci de détail : « ce sont justement les traits du rêve les plus insignifiants qui sont indispensables à l’interprétation ».

Elle est également motivée par la volonté de rendre compte de détails apparemment absurdes : « lorsqu’un rêve refuse obstinément de livrer son sens, on a le droit chaque fois de tenter une inversion pour certaines parties de son contenu manifeste ». C'est l'incongruité de certains détails, le manque de systématicité du rêve, qui conduisent à postuler un contenu latent et un processus d'inversion.