Les sciences désignent un mode particulier, généralement collectif, d’acquisition des connaissances. La formulation d’hypothèses théoriques, l’expérimentation contrôlée, le travail de la preuve, la reproductibilité des résultats, leur publication et leur évaluation critique caractérisent sommairement la méthode scientifique.

L’opinion tend à confondre ce qui est prouvé scientifiquement et ce qui est certain, ou au contraire à relativiser la valeur des avancées scientifiques, méconnaissant dans un cas la faillibilité des sciences, dans l’autre la robustesse de leurs résultats. La force des sciences n’est-elle pas d’entretenir un rapport critique à leurs propres productions ? Russell soutient ainsi que « la science ne cherche pas à énoncer des vérités éternelles ou des dogmes immuables ; loin de prétendre que chaque étape est définitive et qu’elle a dit son dernier mot, elle cherche à cerner la vérité par approximations successives. » Quelle légitimité sociale, politique, morale doit alors être reconnue à l’autorité intellectuelle du discours scientifique ?