L'entreprise freudienne se heurte à un problème de méthode : comment peut-on parler de quelque chose qui n'est pas conscient, accéder à ce qui, par nature, se dérobe à la conscience ? N'est-ce pas rendre conscient ce qui ne peut l'être ?

C'est pourquoi Freud se concentre sur des moments où la conscience est suspendue : rêve, acte manqué, lapsus...

Mais pourquoi postuler l'existence, non seulement de processus inconscients, mais de représentations inconscientes, d'un contenu psychique qui serait soustrait à la conscience ?

Dans « L'inconscient » (1915, Métapsychologie), Freud soutient que l'hypothèse de l’inconscient est légitime et nécessaire

parce que les données de la conscience sont, à un haut degré, lacunaires ; chez les gens sains comme chez les malades se produisent fréquemment des actes psychiques qui, pour leur explication, présupposent d’autres actes que toutefois la conscience n’atteste pas.

L'hypothèse de l'inconscient apporte une forme supérieure de cohérence :

Un gain de sens et de cohérence est un motif pleinement justifié à nous conduire au-delà de l’expérience immédiate.

Un deuxième argument est pratique : la cure psychanalytique est une thérapeutique couronnée de succès.

Le paradoxe de l'hypothèse freudienne est que le gain de cohérence, dans l'explication du fonctionnement psychique, implique une conception conflictuelle de la subjectivité, qui est divisée et dont le contenu conscient ne représente qu'une part « minime ».

Pourquoi ces souvenirs latents ne sont-ils pas simplement des phénomènes somatiques ?

  1. D'abord parce qu'« ils nous sont parfaitement inaccessibles quant à leurs caractères physiques » : on ne peut les expliquer uniquement physiquement ;
  2. parce qu'ils sont en contact avec les processus conscients : ils sont transposés en eux, remplacés par eux.

La conscience ne fournit que la connaissance d’états animiques propres. On ne la présuppose chez autrui que par analogie. La psychanalyse n’exige rien « si ce n’est que ce procédé d’inférence soit également retourné sur la personne propre » : tous les actes et manifestations en moi et que je ne sais pas connecter avec le reste de ma vie psychique sont comme ceux d’une « autre personne ».

Ces représentations inconscientes peuvent être ou bien intégrées par la conscience (elles appartiennent alors au « préconscient », d'où elles passent aisément à la conscience), ou bien refoulées : elles sont alors rejetées dans l'inconscient et remplacées par d'autres représentations, qui les traduisent imparfaitement.

Pour Freud, le refoulement a des causes aussi bien individuelles que collectives : il est en particulier dû à l'intériorisation des « normes sociales » (Malaise dans la culture). Le moi est ainsi une solution de compromis entre le ça (domaine des pulsions et des représentations inconscientes) et le surmoi (domaine des normes de la vie sociale). La névrose désigne une prédominance des normes sociales, la psychose une prédominance des exigences pulsionnelles.