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Le langage, fondement de l'humanité

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Le langage et la pensée humaine

Dans Les Idées et les Âges, Alain écrit que « la langue est un instrument à penser ». Comme si, dans la distance entre soi et soi-même, un agent intermédiaire et instrumental – la langue – venait s'insérer. Il est vrai qu'on envisage mal une pensée fine sans l'utilisation d'une langue. On peut imaginer ou éprouver sans langage, peut-être, mais penser au plein sens du terme – calculer, évaluer, anticiper ou se souvenir – demande en effet la maîtrise d'une langue.
Ainsi, sommes-nous face à un dilemme : soit la langue n'est pas indispensable à la pensée, et la pensée semble réduite à ses déterminations les plus grossières ; soit la langue est indispensable à la pensée, mais cela signifierait que la langue est un intermédiaire entre soi et soi-même, ce qui est peu intuitif, et pose le problème de son origine.

Le pouvoir du langage

Dans le mythe de la genèse, c'est par les mots que Dieu crée les différents êtres. Les mots, dans une telle perspective, seraient dotés d'un pouvoir à nul autre pareil : la parole divine serait performative au sens qu'Austin donne à ce concept dans Quand Dire, c'est Faire. Il n'en va pas de même de la parole humaine ; l'impuissance des mots apparaît comme l'horizon inéluctable du langage des hommes : impuissance à créer, cela va sans dire, mais aussi impuissance, plus simplement, à dire le monde.
Les éléments du monde et sa richesse échapperaient au langage, qui ne parviendrait à les saisir que de manière imparfaite, toujours transitoire, sans en épuiser la richesse. Le pouvoir des mots humains ne serait que relatif. Une telle impuissance du langage est-elle impuissance par accident ou par nature ?

L'homme peut-il réformer son langage ?

Le langage humain est décevant : imprécis, vague, inefficace. Et ce qui nous déçoit ne mériterait-il pas d'être réformé ? Cette conséquence – dont l'aboutissement le plus convaincant est sans doute le développement contemporain de la logique formelle, sur lequel se fondent linguistique et neuro-linguistique – demeure inquiétante : n'est-ce pas quelque « novlangue » qui menace l'humanité, dénoncée par Orwell dans 1984 ?
D'autant que s'il ne faut pas réformer le langage, c'est peut-être parce qu'il est impossible de le faire. Car le langage est fondé sur l’usage de signes. Or, un signe est une relation culturellement immuable entre un signifiant et un signifié. Et ce qui est immuable culturellement ne semble pas pouvoir être réformé par simple décision politique. Il serait ainsi impossible de réformer le langage.

Citations

  • « La langue de convention n'appartient qu'à l'homme » (Rousseau, Essai sur l'Origine des Langues, 1781, posthume).
  • « L'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation » (Hegel, Encyclopédie des Sciences philosophiques, 1817).
  • « La pensée demeure incommensurable avec le langage » (Bergson, Essai sur les Données immédiates de la Conscience, 1889).
  • « Quand l'individu se l'approprie, le langage se tourne en instances du discours, caractérisées par ce système de références internes, dont la clef est je » (Benvéniste, Problèmes de Linguistique générale, 1958).

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