L'inconnu n'est pas l'inconnaissable. Est inconnu ce qui, bien qu'ignoré, est censé ne pas se résorber à la pensée. L'inconnaissable, en revanche, désigne ce qui, supposé, ne peut par nature être embrassé par la pensée. Il y a dès lors une dimension d'absurdité logique dans la notion d’inconnaissable : dire qu’« il y a » de l’inconnaissable serait déjà trop dire et prendre un risque spéculatif. Le problème est pourtant réel. Ce qui est en jeu, c'est la limite de la pensée. Problème qui conduit l'esprit à s'interroger sur sa dé-finition, c'est-à-dire sur les conditions que sa nature finie impose à son exercice. Ce mouvement prudent, qui est celui de Kant dans la Critique de la Raison pure, demande de limiter les prétentions de la métaphysique, tout en légitimant son exercice, dans les limites de la simple raison.
Les critiques de la métaphysique
🎲 Quiz GRATUIT
Les critiques de la métaphysique 1
Les critiques de la métaphysique 2
Les critiques de la métaphysique 3
Les critiques de la métaphysique 4
Les critiques de la métaphysique 5
📝 Mini-cours GRATUIT
Les prétentions de l'ontologie
Dans le mythe de la genèse, c'est par les mots que Dieu crée les différents êtres. Nommer, c'est ici donner l'être et le mouvement. Les mots, dans une telle perspective, seraient dotés d'un pouvoir à nul autre pareil : le pouvoir de faire advenir le monde, de lui donner forme, essence et consistance. La parole divine serait donc une parole créatrice par nature : parole performative, qui réalise ce qu’elle énonce par son énoncé même. Il n'en va pas ainsi – quoi qu'on pense de l'hypothèse d'une parole divine – pour la parole humaine ; l'impuissance des mots est l'horizon inéluctable du langage des hommes : impuissance à créer, mais aussi impuissance à dire le monde. Les éléments du monde échapperaient au langage, qui ne parviendrait à les saisir que de manière transitoire. Il y aurait, de l’être au langage, un décalage qui ruinerait les prétentions de l’ontologie, tout en montrant sa nécessité.