L’état civil est, selon Hobbes, un état de paix assuré par la présence d’un pouvoir politique établi.

La paix n’est pas simplement un état sans guerre, c’est la condition nécessaire et suffisante de la civilisation, une ambiance sociale où le commerce s’épanouit et les sciences progressent.

La fonction du souverain est de maintenir la paix :

La fonction du souverain (qu’il s’agisse d’un monarque ou d’une assemblée) est contenue dans la fin pour laquelle on lui a confié le pouvoir souverain, et qui est le soin de la sûreté du peuple : il y est obligé par la loi naturelle (Léviathan, I, 30).

Pour Hobbes, aucun citoyen ne peut prétendre évaluer si le souverain se conforme ou non à cette loi naturelle. Rien ne doit limiter l’action du Souverain et du gouvernement (qu’il ne distingue pas) : ce qui régule son action et garantit qu’il n'abuse pas de son pouvoir dans le désintérêt des citoyens, c’est qu’il est de l’intérêt du gouvernement d’avoir un peuple qui lui obéisse et qui est puissant :

« C’est un souverain faible que celui qui a des sujets faibles ; et un peuple faible est celui que le souverain n’a pas la puissance de régir selon sa volonté ».

Il n’existe aucun droit à résister : toute résistance est un acte séditieux, qui ne devient légitime que si le souverain échoue à maintenir la paix ; alors le contrat se dissout et l’état de nature se reconstitue :

Nul n’a la liberté de résister au glaive de la République pour secourir un autre homme, coupable ou innocent, car une telle liberté retire au souverain le moyen de nous défendre, et détruit par conséquent l’essence même du gouvernement. Mais au cas où déjà un grand nombre d’hommes ont ensemble injustement résisté au pouvoir souverain, ou commis quelque crime capital pour lequel chacun d’entre eux s’attend à être mis à mort, n’ont-ils pas la liberté, alors, de se réunir et de se prêter l’un à l’autre défense et assistance ?

La liberté des sujets a donc deux applications :

  • en général, elle est le droit de faire tout ce que n’interdit pas la loi ;
  • dans des cas extrêmes, elle est le droit de faire tout ce qui est en son pouvoir pour défendre sa vie : comme le pacte a été conclu pour la protection de la vie de chacun, sa mise en danger dissout le pacte. Par ailleurs, on ne peut pas forcer quelqu’un à transférer le droit qu’il a de protéger son propre corps ; le seul droit transférer est celui « à se gouverner soi-même ». On peut donc : a) refuser l’ordre du souverain de se tuer, b) refuser de s’accuser soi-même, c) refuser de tuer un autre et donc d’être enrôlé dans une armée, d) faire tout ce qui en son pouvoir pour défendre sa personne, si elle est menacée.

Symétriquement, la justice désigne :

  • ce qu’énonce la loi, commandement du souverain (droit positif) : il n’y a donc pas de lois injustes ;
  • le fait de respecter les conventions faites ;
  • le droit naturel de la légitime défense.