Selon Ferdinand Saussure, la tâche de la linguistique est de « manifester le langage humain » par :

  1. une description et une histoire de toutes les langues (linguistique diachronique) ;
  2. une analyse des lois générales auxquelles les phénomènes particuliers de l'histoire peuvent être ramenés (linguistique synchronique).

Alors que la linguistique diachronique étudie l'évolution de termes particuliers (tel mot, telle syntaxe), la linguistique synchronique considère une langue à un état donné et étudie le système global constitué par la langue. Saussure met l'accent sur cette deuxième linguistique. La linguistique synchronique doit étudier l'ensemble des signes présents à un locuteur à un moment donné, comme si le passé était « supprimé », afin de rendre compte du fonctionnement interne de la langue.

La difficulté de l'objet de la linguistique est la pluralité des dimensions liées au mot qui est à la fois :

  1. un son, un phénomène physique lié aux mouvements de la bouche ;
  2. l'expression d'une idée ;
  3. le résultat d'une évolution historique particulière.

Pour Saussure, la solution consiste à se placer sur le terrain de la langue, et non du langage (faculté de parler). La langue désigne :

  1. un produit social de la faculté de langage ;
  2. un ensemble de signes distincts qui ont une signification relative les uns aux autres.

Elle est l'

ensemble des images verbales emmagasinées chez tous les individus.

Elle excède donc la capacité linguistique de chaque locuteur, mais aussi l'acte individuel de la parole : elle est un « système dont la réalité est indépendante de la manière dont on l'exécute » ; bien plus, elle contraint et limite les actes de parole singuliers.

La linguistique étudie « la vie des signes au sein de la vie sociale », elle s'insère dans la psychologie sociale. Mais elle doit, pour cela, se livrer à une considération interne de la langue, au système de règles qu'elle constitue.

Selon Saussure, le signe a plusieurs propriétés, en particulier :

  1. il est arbitraire, conventionnel : il est immotivé par rapport au signifié (et non pas absolument puisqu'on peut en expliquer la forme par une histoire qui ne dépend pas des volontés individuelles) ;
  2. sa signification est diacritique : elle n'a de sens que par rapport aux autres signes qui composent le système. Le sens naît de la différence, de l'écart, voire de l'opposition entre deux signes.