Par vertu, n'entendons pas une disposition innée, comme le serait un instinct, mais une disposition éprouvée. Cette notion est à la fois – c'est là sa richesse – normative et énergétique ; normative car la vertu est une « disposition stable, nous permettant de choisir selon un milieu qui nous est relatif, défini par la droite raison, tel qu'un homme prudent le définirait » (Aristote, Éthique à Nicomaque, II, 6) ; énergétique en ce sens que la vertu ne consiste qu'en la « résolution et vigueur avec laquelle on se porte à faire les choses qu'on croit être bonnes » (Descartes, Lettre à Christine, 20 novembre 1647). La vertu, au sens premier, apparaît donc comme la notion transitoire entre catégories d'action et catégories épistémiques, relevant à la fois des premières et des secondes.
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Le mal est-il le symétrique du bien ?
Thomas d'Aquin, dans la Somme de Théologie, soutient de façon lapidaire que « le mal n'est pas une substance, mais la privation d'un bien ». Formule énigmatique, car rien ne semble davantage contredire notre expérience du mal. Dire que le mal n'est pas une substance, en effet, c'est en un sens affirmer l'inanité du verbe « être » pour le qualifier. On ne dit plus qu'il « est » que par défaut, faute de mieux, puisque « l'existence » qui lui est ainsi reconnue n'est que négative : pure privation d'un être (le bien), et non position de soi. Le mal, dans la perspective thomiste, se comprendrait donc par pur contraste. Ce serait un mot commode pour désigner ce en quoi le bien fait défaut, ou comment le bien en vient à manquer. Surgit donc, dans cette perspective, une dissymétrie fondamentale entre bien et mal.