Tenus par le langage commun, nous opposons bien et mal comme deux entités contraires, sans plus y songer. Il y aurait « le » bien et « le » mal, figures autonomes et ayant corps par elles-mêmes. Trop anxieux de lutter contre le mal ou de s'en prémunir, nous oublierions d'interroger la notion de mal, présupposant qu'elle est le pendant du bien, sorte d'inverse qui lui correspondrait en tout point. Parce que le mal appelle avant tout une attitude comme réponse, et non pas un discours, nous céderions avec facilité à la tentation du langage le plus simple, sans voir plus loin, et ferions du mal une substance. Ne dit-on pas d'ailleurs « le » mal, et de bonne foi ? Ainsi le mal aurait la positivité d'une existence indéniable. Mais n'est-ce pas une erreur que de substantialiser le mal ?
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À-t-on des devoirs envers soi-même ?
La notion de devoir envers soi-même est contradictoire. Supposons que je me sois fait à moi-même la promesse de ne plus manger de chocolat. En tant qu'auteur de la promesse, je ne suis pas libre de l'annuler, mais en tant que destinataire, je suis libre de l'annuler. N'est-ce pas contradictoire ? Que se passerait-il si c'était la même personne qui faisait la promesse et qui en bénéficiait, ou la même personne qui était créancière et débitrice ? L'obligation serait sans valeur. Dans le cas d'une relation entre créancier et débiteur, l'émetteur est libre d'annuler l'obligation, alors que le récepteur ne l'est pas. Le modèle de la dette inter-personnelle ne peut donc être transposé dans un cadre intra-personnel. La notion de devoir envers soi-même emporte donc contradiction.