Les sciences du langage conçoivent comme essentielle à toute recherche scientifique sur le langage la distinction entre l’objet de cette recherche, construit par le chercheur, et son champ d’investigation (tout ce qu’elle observe). Dans la théorie de Ferdinand de Saussure (Cours de linguistique générale), cette distinction prend la forme de l’opposition entre langue et parole. Plusieurs critères permettent de les distinguer :

  1. La langue est un code (un ensemble de signes régi par des règles) et la parole est l’utilisation de ce code, sa mise en œuvre par les sujets parlants.
  2. La langue est passive, la parole est active.
  3. La langue est sociale alors que la parole est individuelle. En effet, c’est la société qui détermine le code que nous utilisons. Cet ensemble constitue ce que Saussure nomme un « trésor » dans lequel nous puisons pour parler. Les signes du code sont des éléments indépendants alliant un son et un sens (des mots, des morphèmes). À partir du moment où nous formons des phrases, nous sommes dans la parole.

Dans un esprit identique, Gustave Guillaume (1883-1960), dans sa théorie, a formulé l’opposition langue/discours. Cela lui permet de distinguer sens et effets de sens. Un mot a un sens en langue, c’est-à-dire dans l’abstrait, mais il peut avoir en discours, c’est-à-dire quand il est employé, une infinité d’effets de sens. Par exemple, l’adjectif « obscur » peut prendre des nuances variées.

Cette opposition entre langue et parole en crée d’autres. On opposera notamment la phrase et l’énoncé. La première relève de la langue et le second de la parole. La phrase est une suite de mots organisée selon des règles syntaxiques. L’énoncé est la réalisation effective d’une phrase dans une situation déterminée (énoncé = phrase + situation énonciative). Une même phrase peut avoir des réalisations de sens très différentes (par exemple : « Paul arrive »). La dimension sémantique d’un message sera opposée à sa dimension discursive (ou pragmatique) : tous les effets de sens liés à la situation d’énonciation relèvent de la deuxième.