La question du sens et de la référence est au cœur des préoccupations de la sémantique contemporaine. Il s’agit, à travers les termes de « sens » et de « référence », de bien distinguer la signification de la désignation. Selon Frege (1971), toute expression linguistique signifiante possède un sens (Sinn) et une référence (Bedeutung). Par exemple, les expressions l’Étoile du matin, l’Étoile du soir, et Vénus ont la même référence, mais donnent des indications différentes sur le référent désigné.

Alors que le sens est une unité abstraite, le référent est un élément du monde auquel renvoie une expression linguistique dans un contexte donné. Prenons un exemple : le référent de « mon chien » est Rex, le sens de « mon chien » est un mammifère canin, descendant du Canis lupus (loup gris). On peut désigner des objets qui ont une existence concrète, « réelle », mais également des objets qui n’existent qu’en tant que représentations de l’esprit, comme les créatures des contes (les fées, les lutins…), les abstractions (l’infini…), les sentiments (l’orgueil…).

On parle de référent autonome lorsque seules les connaissances lexicales et encyclopédiques suffisent à identifier le référent. L’interlocuteur n’a alors pas besoin de connaitre la situation d’énonciation, ou le contexte dont il est question. Par exemple, Barack Obama, en tant que nom propre, est un référent qui renvoie à un être du monde unique. Par ailleurs, son statut d’ancien président des États-Unis assure ici la connaissance référentielle.

On parle de référent anaphorique lors de toute reprise d’un élément dans le discours. Ainsi, dans l’énoncé : « Jean Castex présente les mesures du confinement. Le Premier ministre a annoncé la fermeture des restaurants », le syntagme « le Premier ministre » est le référent anaphorique de Jean Castex.

On parle de référent déictique lorsque les locuteurs ont besoin de la situation d’énonciation pour identifier le référent. Les paramètres énonciatifs sont : les pronoms personnels (je), le lieu (ici), la temporalité (maintenant). Dans l’énoncé : « Nous travaillons sur la question de la référence », le pronom nous est le référent déictique de l’auteure de ce cours, et vous étudiants qui révisez ce cours.