Aujourd’hui, 2 raisons principales semblent pouvoir expliquer un certain dépassement du clivage simpliste « holisme/individualisme ». D’une part, à force d’opposer les concepts, les adversaires en venaient à construire des caricatures inutiles, des « monstres théoriques indéfendables ». En effet, que l’individu soit entièrement soumis au système normatif de la société (et être « un idiot culturel », pour reprendre le mot du sociologue Harold Garfinkel), ou qu’il soit un acteur très rationnel comme le pense Raymond Boudon, il importe peu, dans la mesure où les comportements sont déterminés par avance. Les comportements sociaux sont ainsi analysés comme déterminés par le social, produits par des structures sociales très contraignantes pour les individus, d’un côté, et comme résultant d’un modèle rationnel universel, pour d’autres penseurs ! Les deux perspectives laissent, au final, très peu de place à l’autonomie, à la liberté et même à l’imprévisibilité humaine, puisque, d’un côté comme de l’autre, l’individu est au cœur du social. La différence de point de vue nous paraît pour le moins, assez idéologique.
Ce qu’il faut finalement retenir, c’est bien que la dimension multiple et plurielle de la pensée sociologique, ce trait commun à toutes les sciences, prend une forme particulière en sciences sociales. Pourquoi ? Parce qu’elles présentent un ensemble de caractéristiques qui rendent délicate l’application des méthodes qui ont fait leurs preuves dans les sciences dites « exactes », celles de la nature. Nous pouvons en noter deux aspects :
a) D’abord, la notion de réfutabilité y est pratiquement impossible. Jamais aucun test ne fournit de résultat totalement indiscutable, la vérification « toutes choses égales par ailleurs », n’est pas possible car le test en laboratoire y est, on le sait et vraiment sauf exception, impraticable.
b) La neutralité de l’observateur n’est jamais garantie car, en tant que membre de la société, il est à la fois sujet et objet de son étude.