La réalisation d'une œuvre monumetale suppose souvent des esquisses, des maquettes, des cartons, des bozzetti (pluriel de bozzetto : idée première traduite directement en volume, sous l'aspect d'une esquisse modelée en argile ou en cire, point de départ de la création de la sculpture). Mais quels sont les écarts observables entre le projet matérialisé, à petite échelle et la réalisation aboutie, monumentale ? Comment les artistes gèrent-ils les hasards, les accidents, les imprévus, entre leur idée et la réalisation, souvent déléguée, pour les œuvres monumentales ? La monumentalité est-elle inscrite dès le début du processus ou arrive-t-elle avec la maîtrise des différentes étapes de la réalisation ?
La monumentalité impose des contraintes inévitables : coût, temps de réalisation, dispositif d'exposition et de conservation spécifiques (lieux adaptés), parfois collaboration, et toujours supériorité sur le spectateur.
Le processus de création, né de l'idée, matérialisé en projet et donnant lieu à la réalisation d'une œuvre monumentale, peut constituer une partie de l'œuvre aboutie. Lorsque nous admirons l'Arc de Triomphe sur les Champs-Élysées emballé du 18 septembre au 3 octobre 2021, à titre posthume, les nombreuses images du projet de Christo et Jeanne-Claude, sous forme de dessins et de photographies retouchées, nous viennent immédiatement en tête.
L'exposition du processus de création questionne le statut du document du latin documentum, "ce qui sert à instruire". En effet, le document servant de preuve, de trace ou de témoignage est parfois agencé de façon artistique aux côtés de l'œuvre aboutie. Ainsi, la production documentaire tend à devenir production artistique.