Le dessin contemporain connaît des transformations liées aux outils ou supports utilisés pour laisser une trace graphique.
Dans quelles mesures, les Méta-matics de Jean Tinguely interrogent-elles le statut de l’artiste ?
Dans trois Machines à dessiner, présentées en 1955 dans le cadre de l'exposition Le Mouvement à la galerie Denise René à Paris, Jean Tinguely actionne pour la première fois mécaniquement la production de dessins. Devant un support de bois dissimulant le moteur, un disque en rotation continue, couvert d'une feuille de papier, reçoit la marque d'une craie fixée au bout d'une tige (suivant le principe du tourne-disque). Cette tige, animée par un système de rouages, est sujette à la mobilité par à-coups et soubresauts, et ce sont des cercles maladroits et irréguliers qui s'inscrivent sur le papier. Ces machines exposent clairement la nature précaire de la mécanique qui les anime. Leurs mouvements laissent une trace visible de leur imprécision et les dessins, bien que sériels, sont différents à chaque fois.
En 1959, Tinguely conçoit de nouveau des sculptures à dessiner, qu'il baptise Méta-matics. Le tracé, cette fois, ne s'imprime plus sur un disque en rotation, mais sur une feuille rectangulaire fixe, tandis que les secousses continues et frénétiques agitent une tige qui vient marquer le papier de hachures vives et saccadées. Ces œuvres exposent le mécanisme qui les anime et le processus d'une production mécanique du dessin. Jean Tinguely décrète le statut d’artiste à ses Méta-Matics, puisque les dessins ainsi créés sont co-signés « Dessins originaux réalisés en collaboration avec des Méta-Matics, 1959. J. Kosics avec Méta-Matic n°12 et Eva Aeppli avec Méta-matic n°8 » figure sur le cartel d'exposition.
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Le dessin et l’artiste dessinant
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