Bac Français 2024 : sujets corrigés de l'épreuve de la voie générale 🎓

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Voici des propositions de corrigés pour les différents sujets à traiter.

DISSERTATION

Sujet A - Arthur Rimbaud, Cahier de Douai. Parcours : Émancipations créatrices

Dans le poème « Sensation », Arthur Rimbaud écrit : « j’irai loin, bien loin ». Selon vous, le Cahier de Douai répond-il à ce projet ? 

Arthur Rimbaud écrit les 22 poèmes des Cahiers de Douai en pleine adolescence et il les recopie à l’âge de 15 ans alors qu’il est en pleine fugue. Dans le poème « Sensation », il déclare : « j’irai loin, bien loin » affirmant déjà son désir de liberté, son désir de prendre de la distance avec son entourage. S’éloignant de ses modèles poétiques, il lancera les bases de la poésie moderne et finira sa vie, ayant cessé d’écrire, très loin en Éthiopie et au Yemen. Cette déclaration aux allures prémonitoires illustre chez Rimbaud la volonté de s’éloigner, de partir loin, le désir de s’émanciper de toutes contraintes. Nous étudierons les divers aspects de cette émancipation, une émancipation personnelle, une émancipation poétique et une émancipation pour elle-même. 

I) L’émancipation individuelle

a)  Fuguer à tout prix

Le recueil évoque un poète sans cesse en mouvement. Ce besoin d’ailleurs le pousse à fuguer à deux reprises, à Paris puis en Belgique, comme en atteste l’allusion à « Charleroi » dans « Au Cabaret-Vert ».

b) Fuir la ville et se rapprocher de la Nature

La poésie de Rimbaud s’inscrit dans un espace de vie : il privilégie ainsi les sensations, savoure l’instant présent et le plaisir sensuel intense créé par la nature et dans la nature, établissant une communication directe et immédiate avec le monde. 

c) Fuir la morale bourgeoise.
Arthur Rimbaud s’émancipe et dénonce les normes sociales de son époque. En effet, sa poésie est marquée par un mépris de la bourgeoisie qu’il dépeint comme matérialiste, étriquée d’esprit et superficielle. Il est d’ailleurs engagé politiquement contre ce système bourgeois, en effet une de ses fugues avait pour but de rejoindre les émeutes lors de la Commune de Paris.

 

II ) L’émancipation poétique


a) Se former pour mieux prendre ses distances
Au collège de Charleville, Rimbaud se distingue par son excellent niveau, dans les matières littéraires. Sa culture classique est palpable dans de nombreux poèmes des Cahiers de Douai. Dans « Soleil et chair », par exemple, les références à la culture gréco-romaine sont nombreuses. Rimbaud reste un certain temps un poète inspiré par la poétique parnassienne, par Hugo, Baudelaire ou encore Verlaine. Avant de s’émanciper, Rimbaud commence par chercher une reconnaissance de ses pairs et modèles.

b) Prendre ses distances formelles avec la poésie traditionnelle
Rimbaud s’affranchit de nombreuses contraintes formelles dans Les Cahiers de Douai, ce qui lui permet de mettre en place les fondements de sa propre poétique. Sur le plan de la versification, Rimbaud adopte là encore une poétique souple et moderne qui brise le carcan des formes traditionnelles, et notamment celui du sonnet canonique. Dans « Le Buffet » et « Au Cabaret-Vert », par exemple, le système rimique et les nombreux enjambements, rejets et contre-rejets, glissant parfois audacieusement d’une strophe à l’autre, gomment la distinction traditionnelle entre les quatrains et les tercets. Le lecteur en vient presque à oublier qu’il s’agit de poèmes à forme fixe. 

c) S’éloigner des thèmes traditionnels
L’audace rimbaldienne dans Les Cahiers de Douai se trouve aussi dans le lexique et dans le renouvellement des thèmes. En effet, Rimbaud n’hésite pas à faire entrer le trivial dans ses poèmes. Dans « Vénus Anadyomène » détourne le sonnet mythologique et le blason typique de la Renaissance en parodie scabreuse. Rimbaud n’hésite pas non plus à faire entrer des thèmes prosaïques et audacieux dans ses poèmes. « Au Cabaret-vert » rend ainsi poétique un humble déjeuner fait de « tartines de beurre » et de jambon. Trois des poèmes du recueil s’achèvent sur la pension des fesses des personnages : « Vénus anadyomène », « Les Effarés » et  « L’Eclatante victoire de Sarrebrück ».  

III. L’émancipation pour elle-même.

a) Faire l’éloge de la révolte et des révolutionnaires.
Personne ne sait vraiment si Rimbaud a participé à la Commune, mais il s’émancipe des modèles déjà établis en faisant l'éloge de la liberté elle-même. Il va en effet soutenir la révolution ainsi que ses participants en plus de critiquer vivement les modèles monarchiques en accord avec l'esprit de la révolution et la liberté politique. « Morts de Quatre douze… » érige en héros les soldats républicains morts pour la liberté et dont les cadavres régénèrent la terre. À travers ces figures mythiques, Rimbaud exprime sa profonde tendresse pour le peuple et pour ceux qui souffrent. 

b) Faire l’éloge de la liberté physique et du mouvement.
Cette liberté que revendique ardemment Rimbaud s’inscrit donc bel et bien dans une émancipation d’ordre physique, la liberté d’aller et venir à sa guise. C’est bien d’ailleurs pour aller au bout de cette « liberté libre » et totale qu’il arrêtera d’écrire pour partir en Afrique.

c) Faire l’éloge de la liberté intellectuelle 
Rimbaud assigne au poète une tâche nouvelle, d’où l’emploi du futur dans « Sensation » ou « Soleil et chair » où il souhaite le retour d’un homme « libre des idoles brisées et des dieux ». Selon les lettres qu’il écrira en 1871, le poète est un « voyant » qui doit « arriver à l’inconnu » : il est capable « d’inspecter l’invisible » et « d’entendre l’inouï ».

 

Sujet B- Œuvre : Ponge, La rage de l’expression. Parcours : dans l’atelier du poète 

Selon un critique, La rage de l’expression donne à voir « l’écriture en plein travail et se regardant travailler ». Cette citation éclaire-t-elle votre lecture de l’œuvre 

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en prenant appui sur La rage de l’expression, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle. 

La rage de l’expression se présente sous une forme d’une œuvre étrange et inédite. Nous verrons tout d’abord en quoi est singulière la forme de cette œuvre, véritable journal de la création du poète dans son atelier. Nous décrirons ensuite comment sont mises en avant les difficultés de cette entreprise. Enfin, nous tenterons de montrer comment la rage de l’expression se transforme en véritable spectacle poétique.

 

I) La rage de l’expression, un véritable « Work in progress »

1. Par le biais de la personnification (puisque c’est « l’écriture » qui est « en plein travail » et « se regard(e) travailler »), la Rage de l’expression nous est présentée comme une œuvre en train de s’écrire sous les yeux du lecteur, comme un work in progress, selon l’expression consacrée.

2. L’apport de savoirs extérieurs au travail poétique proprement dit confirme cette nature, de même que les définitions du dictionnaire ou les remarques sur l’étymologie : le poète explore ses outils, les mots pour mettre en évidence toutes les possibilités (leur signification, leur rapport aux autres, leurs sonorités).

3. Le recueil est constitué de nombreux commentaires : ces remarques, des notes de travail, accompagnent le travail et permettent de renouveler la réflexion. Ainsi, au cœur du poème « Le mimosa », il écrit : « N’est-il pas beaucoup plus urgent d’insister, par exemple, sur le caractère à la fois glorieux et doux, caressant, sensible, tendre du mimosa ? ». Nous sommes littéralement dans l’atelier du poète.

II) Les difficultés d’une telle entreprise

1. La difficulté à commencer
La Rage de l’expression témoigne de la difficulté de Ponge à commencer son travail sur les sujets qu’il s’est choisis. Il emploie, au début du « Mimosa », une expression qui conviendrait davantage à un peintre qu’à un poète : « plus je tourne autour de cet arbuste, plus il me paraît que j’ai choisi un sujet difficile ». La mention d’un manque ou d’une absence d’inspiration au début du travail est fréquente dans l’œuvre : voir « Notes pour un oiseau » (« Je croyais pouvoir écrire mille pages sur n’importe quel objet »).

2. La fluidité introuvable

La grande difficulté apparaît en raison de la nature polymorphe des textes (vers, journal, listes, etc.) et leur mise en page difficile. Ponge fait part à nombreuses reprises de son insatisfaction ou de sa frustration devant les projets morts-nés ou de projets avortés, obstacles visuels qui viennent gêner la recherche de fluidité. Le poète évoque cette fluidité comme un objectif impossible à atteindre. Voir la fin de  « L’œillet » : « Tout à partir de là coulera de source… une autre fois. / Et je puis tout aussi bien me taire. »

3. L’impossibilité à finir
Le poète est fréquemment déçu par le résultat de ses poèmes et envisage de les recommencer. Il en parle comme des « pages malhabiles et efforcées qui précèdent » et envisage la possibilité de les réécrire un jour.

III) Un véritable spectacle poétique 

1. Une part d’achèvement
Certains poèmes du recueil se concluent par des formes versifiées qui laissent à penser que Ponge n’est pas si éloigné d’avoir obtenu le résultat espéré. Des marques de satisfaction apparaissent même sous sa plume, comme dans « Le Carnet du bois de pins » : « Voilà un tableau dont je ne suis pas mécontent ».

2. Le ressassement, le jeu sur les variations et le recommencement incessant, sont autant d’occasions d’explorer de façon spectaculaire la profondeur de l’objet et les possibilités du langage.

3. Une forme voulue
On ferait fausse route si l’on voyait en elle un recueil envoyé à l’état de brouillon, comme un pis-aller pour mettre fin aux difficultés de l’écriture. Ponge a réellement souhaité offrir cette forme de journal à l’attention du lecteur comme en témoignent les lettres à Jean Paulhlan son éditeur.

 

Sujet C- Œuvre : Hélène Dorion, Mes forêts. Parcours : la poésie, la nature, l’intime 

« Mes forêts racontent une histoire »

En quoi cette citation éclaire-t-elle votre lecture de l’œuvre ?

I. Mes forêts évoquent la nature et la racontent poétiquement.

1. Une promenade en forêt. Mes forêts apparaissent dans un premier temps comme un recueil cherchant à capter les instants saisissant de beauté des forêts.

2. Dire la fragilité de la nature.

3. La personnification de la forêt qui parle à l’auteur.

II. En fait, Mes forêts permettent à la poétesse d’exprimer son intériorité.

1. Une métaphore de l’intériorité. Un moyen de se dire.

2. Le paysage intérieur : une harmonie entre la nature et l’intimité.

3. Un récit initiatique vers soi-même. La forêt apparaît comme un révélateur, un moyen de se trouver.

III. En réalité, Mes forêts nous racontent l’histoire de l’humanité.

1. La dimension collective du recueil. Le passage du je au on.

2. Un univers déréglé. L’angoisse  du consumérisme et l’écologie.

3. Le tableau d’une apocalypse :  un désastre collectif de l’humanité toute entière.

 

COMMENTAIRE 

I- Un amour partagé

a- Un jeune homme éperdu d’amour
—> le portrait de la duchesse de Nevers est fait à la manière d’un cadre :  la fenêtre sert de cadre, les couleurs sont des représentations visuelles, les connotations descriptives valorisent le modèle (noblesse du château, richesse du parfum + notation amour)
—> une véritable ekphrasis

b- Qui montrent combien la nature et le paysage font écho à son sentiment
-richesse des couleurs
Plénitude du lieu et du moment —> une harmonie
-entrelacement amoureux du jasmin et du balcon—> un paysage - état d’âme romantique

c- Or, cet amour semble partager
—> étude du dialogue : la femme permet et autorise la parole
—> elle combat le malheur de l’homme
—> elle est comme lui, sensible : étude des phrases interrogatives et exclamatives —> la page nous montre un modèle de couple romantique et amoureux. Mais pourtant cet amour n’est pas heureux.

II- Un amour interdit

a- La force des émotions du narrateur, s’opposant au bonheur et à l’harmonie de la nature
—> Phrases exclamatives et expression des sentiments en font un être exalté, dominé par ses sentiments
+ champ lexical de la souffrance et hyperboles

b- Car c’est un amour impossible qui se heurte au veto des convenances sociales
—> « Mais » et lexique de l’opposition
—> phrases négatives et préfixes in-/ir
—> le passage au présent, montre la force de cette opposition

c- Une fin de dialogue qui souligne l’amour malheureux
—> passage du discours direct au discours indirect, puis au silence, comme signe d’une liaison impossible
—> antithèses donner/repris   Baisers/larmes   Mettent toujours les échecs à la fin.

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