Le mouvement baroque émerge en Italie, à la fin du XVIe siècle, avant de gagner peu à peu toute l’Europe. Dans un contexte de Contre-Réforme, l’Église catholique joue un rôle prépondérant dans le développement de ce nouveau style. Afin de contrer les valeurs du protestantisme et d’affirmer sa toute-puissance, l’Église et ses représentants, notamment les papes et grandes familles italiennes, lancent, à Rome, de grands travaux : les églises, les palais, les fontaines doivent impressionner les sens, frapper l’imagination et susciter l’émotion des fidèles…

Un mouvement tout en exubérance

Le baroque est avant tout fondé sur un style qui, opposé à la rigueur et la sobriété du classicisme, privilégie l’exubérance, le spectaculaire, le mouvement, la fantaisie et les excès en tout genre.
Alors que le terme de baroque contient, à l'origine, une connotation dépréciative, synonyme de bizarre et d’irrégulier, Heinrich Wölfflin théorise, en 1915, dans ses Principes fondamentaux de l’histoire de l’art, cette nouvelle catégorie esthétique du baroque en lui ôtant toute valeur négative.
Dès lors, le style baroque se caractérise par la complexité des formes, le goût du monumental, la richesse des matériaux utilisés, l’exhibition et l’abondance décorative. Les différents arts - peinture, sculpture, architecture - s’associent pour offrir un spectacle éblouissant à travers notamment des effets de trompe-l’œil.

Le style baroque tire également son origine d’un contexte de bouleversement de la pensée européenne au XVIIe siècle : la révolution copernicienne modifiant la perception du cosmos, la découverte des Amériques, mais aussi une nouvelle appréhension de la mort dans toute sa dimension tragique : l’Homme fuit la finitude dans l’illusoire, la profusion, la démesure…

Les artistes et œuvres clés

Parmi les artistes les plus représentatifs de ce courant, on peut citer Le Bernin (1598-1680), un architecte et sculpteur italien qui réalise, à Rome, le Baldaquin de la Basilique Saint-Pierre (1624-1633), l’Extase de Sainte Thérèse (1647-1652), ou encore la Fontaine des quatre fleuves (1651) sur la piazza Navona, mais aussi le peintre flamand Rubens (1577-1640) qui conçoit des peintures monumentales, sur des thèmes religieux, mythologiques ou historiques, à la demande des souverains européens. L’une de ses plus célèbres toiles : L’Assomption de la Vierge (1626) représente une scène surnaturelle et divine, qui se caractérise par son exubérance. D’autres peintres, comme Vélasquez (1599-1660) ou encore Le Caravage (1571-1610), ont également contribué à l’essor du style baroque dans toute l’Europe…

Baroque vs classicisme

L’un des principaux théoriciens du baroque, Jean Rousset (Forme et signification. Essai sur les structures littéraires de Corneille à Claudel, 1962) définit ce style à travers une série de grands thèmes comme « le changement, l’inconstance, le trompe-l’œil et la parure, le spectacle funèbre, la vie fugitive et le monde en instabilité (…) la métamorphose et l’ostentation, le mouvement et le décor ».
On a rapidement opposé le baroque au style classique, véritable couple antithétique qui permet de mieux cerner les spécificités du mouvement baroque : à la verticalité, l’horizontalité s’opposent les débordements, la profusion, les spirales ; à l’unité de sujet s’oppose la décomposition, la fragmentation ; à l’harmonie et la hiérarchie stricte s’opposent le mélange, les nuances ; à la transparence, la règle et la lumière s’opposent l’approximation, l’illusion, le clair-obscur…

Le style baroque a également eu une grande résonance dans le domaine de la littérature, se caractérisant par un mélange des genres (grotesque et sublime), un recours abondant aux figures de style (allégories, métaphores, hyperboles…), des intrigues multiples et enchâssées, des digressions, le thème récurrent de la mort, mais aussi de l’imaginaire, de la féerie, de la mythologie…

Info bonus :
Le terme de baroque vient du portugais barroco qui désigne, à l’origine, une perle de forme irrégulière, une pierre précieuse mal taillée et impure… Ce terme est donc, au départ, foncièrement péjoratif, et regroupe tout ce qui semble irrégulier, bizarre, inclassable…