Le sonnet (du latin sonare signifiant « sonner ») est un poème à forme fixe, d’origine italienne (sonetto désignant une petite chanson ou mélodie chantée), qui apparaît en France en 1536 dans le titre de ce que l’on peut considérer comme le premier sonnet français : « Sonnet à Madame de Ferrare » publié en 1550 par Clément Marot (1496-1544). Par la suite, Marot publiera Six sonnets, traduits de Pétrarque, créant véritablement une nouvelle forme poétique.
Les poètes Du Bellay (1522-1560) et Ronsard (1524-1585) feront de cette forme l’une de leurs favorites, avant que celle-ci ne soit renouvelée notamment par Baudelaire (1821-1867) au XIXe siècle.
Des règles bien spécifiques pour la forme…
Le sonnet est dit à forme fixe car il obéit à des règles bien précises. Il compte 14 vers disposés en deux quatrains suivis d’un sizain, généralement scindé en deux tercets (ensemble de 3 vers). La disposition des rimes suit, elle aussi, un schéma précis : ABBA ABBA CCD EDE (ou cette variante possible pour les tercets : CCD EED). Voir l’exemple du sonnet de Ronsard ci-dessous.
Voici comment Boileau (1636-1711) décrit la structure stricte du sonnet, en prétendant (in Œuvres poétiques, 1872) que le dieu Apollon :
« Voulut qu’en deux quatrains de mesure pareille
La rime avec deux sons frappât huit fois l’oreille,
Et qu’ensuite six vers artistement rangés
Fussent en deux tercets par le sens partagés. »
… et le fond
Le sonnet doit contenir une pensée qui se construit dans les 11 premiers vers et qui présente, dans les trois derniers (dernier tercet), une idée frappante. Dans le sonnet, le sens doit être complet à la fin de chaque quatrain et de chaque tercet.
Le sonnet se doit d’être écrit en alexandrins (vers de 12 syllabes) du moins lorsque son sujet est grave et sérieux : comme c’est le cas dans le poème ci-dessous dans lequel le poète incite la femme aimée à profiter de la vie avant qu’elle ne soit trop âgée, reprenant la devise du carpe diem (« Cueille le jour présent ») d’Horace, formalisée dans les deux derniers vers.
Le sonnet se caractérise aussi par la précision des pensées qu’il exprime, la justesse des mots qu’il contient, sa forme élégante et harmonieuse, la richesse de ses rimes, sa beauté parfaitement achevée.
Deux sonnets célèbres
Dans ce sonnet baudelairien, on remarque que les rimes des quatrains sont inversées (ABBA / BAAB) et que le schéma rimique des tercets est lui aussi irrégulier : CDD / CEE, ce qui contribue à briser la clôture du sonnet en isolant un distique (ensemble de deux vers) en fin de poème.
Ce poème peut donc s’apparenter à un « faux sonnet » pour mieux souligner ce dont il est question : un « faux paradis » où, malgré un décor paradisiaque, le poète continue à souffrir de son « secret douloureux ».
Le sonnet n’en finit pas d’interroger par sa forme et par les libertés que les poètes ont pu prendre avec elle…