Marcus Tullius Cicero, dit Cicéron, naît le 3 janvier 106 à Arpinum, à une centaine de kilomètres de Rome, au sein d’une famille aisée de rang équestre : soit des propriétaires fonciers et notables locaux. Il sera le premier homme de sa famille à entamer une carrière politique, devenant ainsi un homo novus (homme nouveau). Dès son plus jeune âge, Cicéron étudie la philosophie grecque et part très tôt faire ses études à Rome où il côtoie et bénéficie des leçons des plus grands orateurs de l’époque. Il reçoit une solide formation rhétorique et juridique, mais aussi philosophique et littéraire, en pratiquant notamment la poésie.
Un homme politique : le cursus honorum d’un homo novus
Sous la République, apparaissent les magistratures : celles-ci sont annuelles, électives et hiérarchisées, mais aussi gratuites (ce sont des « honneurs ») et exercées collégialement. Le candidat à ces magistratures doit suivre une carrière des honneurs (cursus honorum) qui peut le conduire des fonctions les plus humbles au pouvoir suprême…
La carrière politique de Cicéron démarre en 75 av. JC lorsqu’il devient questeur à Lilybée, en Sicile occidentale. Il devient ensuite édile en 69, puis préteur en 66. Son consulat qui démarre en janvier 63 est marqué par la répression de la conjuration de Catilina qui souhaite renverser la République. Cicéron prononce à son encontre 4 célèbres discours : Les Catilinaires, devant le Sénat et le peuple, d’où résulte la décision d’exécuter les conjurés.
Toutefois, cette répression sanglante lui est, par la suite, reprochée et sa situation politique se dégrade jusqu’à son exil en mars 58.
C’est en 57, en grande partie grâce à l’appui de Pompée, que Cicéron, réhabilité, peut rentrer à Rome.
Un maître d’éloquence
Rompu à la pratique de la rhétorique, Cicéron est avant tout un excellent orateur qui pense que la Cité peut être gouvernée par la persuasion de la parole, plutôt que par les armes. Idéaliste, il privilégie, tout au long de sa carrière politique, les tentatives pour maintenir l’harmonie et la concorde.
Cicéron est d’abord avocat et il met au service de ses clients sa parfaite connaissance des subtilités du droit. Parmi ses plus célèbres plaidoiries, figure le Pro Archia, discours prononcé en 62 pour la défense du poète grec Archias, dans lequel Cicéron défend son client, mais en vient aussi, plus largement, à célébrer la poésie et la culture littéraire.
Cicéron a l’habitude de rédiger ses discours avant de plaider, il en apprend par cœur l’introduction, la péroraison (conclusion) et certains passages essentiels ou compliqués. Pour le reste, il s’en remet à l’improvisation. Mais les discours qui nous sont parvenus ont été très largement réécrits, complétés, enrichis avant d’être publiés, Cicéron étant soucieux de livrer à ses contemporains comme à la postérité la forme idéale de sa parole.
D’une très grande variété, du fait de la diversité des causes défendues, les discours de Cicéron reflètent la perfection de l’éloquence. Ils illustrent, à travers la diversité des registres utilisés, l’harmonie de la langue, la rigueur parfaite de la syntaxe, tout le talent de l’orateur, mais aussi sa vivacité d’esprit et sa spiritualité…
Des écrits politiques aux œuvres philosophiques
Lorsque sa carrière politique est quelque peu mise entre parenthèses, Cicéron a davantage de temps pour se consacrer à ses écrits politiques et philosophiques. À travers ses ouvrages politiques, comme le De Oratore, le De Republica ou encore le De Legibus, Cicéron pose la question du régime politique idéal et de sa mise en application concrète.
Suite à un voyage à Athènes, Cicéron se tourne plus particulièrement vers la philosophie à laquelle il va consacrer la fin de sa vie, en rédigeant, en quelques années à peine, différents ouvrages tels que : l’Hortensius, les Tusculanes, livre de consolation rédigé après la mort tragique de sa fille Tullia, le De Senectute (Sur la vieillesse), le De Amicitia (Sur l’amitié) et bien d’autres.
Une mort violente
Le 7 décembre 43 av. JC, Cicéron est assassiné sur ordre de Marc-Antoine, le nouvel homme fort de l’Empire. Cicéron est égorgé près de sa villa de Formia, et sa tête et ses mains se retrouvent ensuite exposées sur la tribune.
Cicéron faisait en effet partie de la liste de proscrits à qui on reprochait d’avoir comploté contre César et donc favorisé son assassinat. Une centaine d’orateurs sont également assassinés à la même époque.
Info bonus :
Les noms des citoyens romains se composent du prénom (praenomen), du gentilice (nomen gentilicium : nom de la gens, famille) et du surnom (cognomen). L’usage du surnom a tendance à se généraliser à partir du Ier siècle av. JC : celui-ci désigne généralement une particularité physique ou morale. Le surnom de Cicéron : cicero signifiant « pois chiche », indique qu’il était certainement porteur d’une verrue ou d’un grain de beauté sur le visage…