L’autobiographie naît en France et en Europe avec les Confessions de Jean-Jacques Rousseau en 1782. Jusque-là existait les biographies et le XVIIe siècle voit proliférer les « mémoires » de grandes personnalités. Cependant, Rousseau crée un genre nouveau et établit le « pacte autobiographique » (Philippe Lejeune, 1975). Dans celui-ci, l’auteur assume officiellement l’identité de l’auteur, du narrateur et du personnage, et par là l’ensemble des éléments exposés. Ainsi, tandis que la bio/graphie signifie le fait d’écriture la vie d’une autre personne (souvent célèbre), l’auto/bio/graphie est un « récit rétrospectif en prose que quelqu’un fait de sa propre existence, quand il met l’accent principal sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité » (P. Lejeune). Ici, il est nécessaire de faire la distinction avec les mémoires : dans celles-ci l’auteur raconte en tant que témoin ou acteur les grands événements marquants de son époque, souvent en retraçant sa carrière et en justifiant ses actes et décisions. En cela, les mémoires sont un témoignage de l’Histoire. L’autobiographie est, elle, un projet existentiel, une quête initiatique de la personnalité de son auteur qui remonte le temps (souvent jusqu’à son enfance), et dans lequel c’est le lecteur qui est pris à témoin.
Si les auteurs du XIXe siècle, comme Chateaubriand, reprennent ce type d’écrit, les autobiographies se multiplient à partir des années 1960, en réaction aux atrocités nazies, afin de témoigner de ce que les survivants ont vu et vécu. Cependant, à partir des années 1970, les auteurs s’affranchissent du pacte autobiographique, retraçant leur vie tout en y mêlant des éléments de fiction. Pour autant, cette idée n’est pas tout à fait nouvelle. On retrouve des bouts, des inspirations de la vie des artistes dans leurs œuvres. Par exemple, lors d’un interview dans l’émission littéraire Lecture pour tous, J. M. G. Le Clézio indique au sujet d’Adam, le héros de son premier roman Procès-Verbal, qu’il « estime avoir mis une part de [lui]-même dans ce personnage. » La différence se trouve dans le fait que dans l’autofiction l’auteur a un objectif semblable à celui de l’autobiographie : se raconter à la première personne. Et se raconter, c’est prendre le temps de remonter le fil de sa propre vie sous une forme d’introspection. L’autofiction a l’avantage de libérer l’auteur de la vérité vraie et d’une certaine forme d’objectivité.
À partir des années 1930, comme Marguerite Yourcenar avec ses Mémoires d’Hadrien en 1951, et particulièrement au tournant des années 1980, se développe la biofiction, encore bien présente dans la littérature contemporaine. Là, les auteurs tirent leurs récits de la vie réelle d’une personne afin d’en faire un roman. Ainsi, le livre Into the Wild de Jon Krakauer (1996) laisse des zones d’ombre sur la vie de Chris McCandless, dans lesquelles s’engouffre Sean Penn dans la version cinématographique pour altérer, romancer la réalité.
À noter qu’aujourd’hui, ces écrits de l’intime revêtent pour certains des objectifs de portée bien plus vaste que le simple fait de s’exposer aux yeux du lecteur. Nombre d’auteurs s’en servent pour mener des combats, interroger la société, le monde moderne, les normes, les identités, etc.