Jusqu’au XVIIIe siècle, la poésie était cantonnée à l’alexandrin. Puis les poètes du XIXe siècle se sont peu à peu détachés des formes classiques. Les vers changent de métrique et le poème en prose se développe peu à peu, s’inspirant du romantisme. À la fin du siècle, le vers libre commence à apparaître, libéré des contraintes de rimes, de métrique et de strophes. La poésie se veut reflet de la modernité. On trouve cela chez Apollinaire, qui s’affranchit également de la ponctuation. C’est à lui et à Cendrars que l’on doit la diffusion du vers libre, même si de nombreux poètes du début du XXe siècle aiment rester fidèles aux formes classiques.
On doit également à Apollinaire l’apparition d’une poésie visuelle avec les calligrammes que celui-ci multiplie. Avec le mouvement Dada et le surréalisme, on assiste peu à peu à une dislocation de la structuration poétique, sur la forme comme sur le fond. Le dadaïste appose des mots piochés au hasard, tandis que le surréaliste laisse le poème se faire au gré de divagations conscientes et inconscientes, et s’amuse à construire des poèmes à partir de cadavres exquis. Le sens n’est donc plus la priorité du message poétique.
La poésie de la deuxième moitié du XXe siècle devient lieu d’expérimentation du langage et des sciences. Elle s’inspire de la société en progrès ou au contraire s’en détache totalement pour revenir seulement au mot. On trouve par exemple le mouvement L’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) où des poètes tels George Perec ou Raymond Queneau s’imposent des contraintes techniques pour écrire : absence d’une voyelle, d’un son, ou au contraire répétition la plus fréquente possible d’un même son. La poésie devient lieu d’un langage créatif où se mêlent néologismes, mots-valises comme on en trouve dans L’écume des jours de Boris Vian, des archaïsmes, du langage argotique et des mots étrangers comme dans Wanted Female de Pierre Guyotat (1996). La poésie devient action en s’accompagnant du geste chez Bernard Heidsieck ou Jacques Robotier, jouant à la frontière avec le théâtre. On voit également dans les années 1980 la naissance du slam à Chicago. Cette forme de poésie se veut à la fois orale et scénique.
Dans la poésie contemporaine, si la déstructuration reste ancrée, il y a un certain retour au lyrisme et au sujet. On s’intéresse de nouveau aux personnes et au monde, au temps présent.