Le théâtre de l’absurde, ou Nouveau Théâtre débute dans les années 1950. Il se caractérise par un vide de sens dans les dialogues, des personnages sans saveur, des décors qu’on ne peut situer ni dans l’espace ni dans le temps, l’absence de message et d’idéologie. On y assiste à des débats stériles, qui ne mènent à rien, mais qui sont le seul moyen d’exister pour les personnages. Si ce théâtre se refuse à participer aux débats philosophiques par l’absence d’idée, ce vide de sens est pourtant un message. Ce théâtre met en avant l’absurdité de la condition humaine, l’ineptie des espoirs dans une vie vouée au néant, dans un monde totalement incohérent. Cela n’est pas sans lien avec le contexte d’après-guerre : à nouveau les atrocités ont dépassé l’entendement avec l’utilisation d’armes toujours plus mortelles allant jusqu’à la bombe atomique, arme d’extermination massive, les camps de concentration et d’extermination dans lesquels des expériences scientifiques ont été menées sur des cobayes humains vivants, l’eugénisme revendiqué par l’idéologie nazie, le nouveau contexte international de guerre froide obligeant à choisir le stalinisme ou le capitalisme américain, à nouveau les guerres, cette fois de décolonisation. Sans compter la misère des populations tandis que le pays est à reconstruire, que les bidonvilles pullulent et que les restrictions alimentaires perdurent jusqu’en 1949. Il y a de quoi trouver l’existence et le monde absurdes.
On peut aisément rapprocher ce théâtre du mouvement existentialiste en vogue, cependant les dramaturges de cette tendance refusent d’y être rattachés. Ils refusent d’ailleurs d’être catégorisés selon l’appellation « théâtre de l’absurde », se réclamant d’une forme d’anti-théâtre. On parle également, de façon plus large, de « Nouveau Théâtre », parallèlement à l’apparition de la tendance du « Nouveau Roman ».
Si l’on fait débuter ce mouvement en 1950, il trouve cependant son origine dans la pièce Ubu Roi d’Alfred Jarry (1896). Dans cette pièce, tout est dépourvu de sens, il n’y a aucune cohérence dans les actions des personnages, tournant en dérision la cruauté du pouvoir. Apollinaire remet en cause les conventions théâtrales dans Les Mamelles de Tirésias (1917) et se veut provocateur dans cette pièce surréaliste où jeux de mots et dérision sont au centre de l’œuvre. Dès la fin du XIXe siècle, il y a chez les dramaturges une volonté de casser les codes du théâtre. On trouve alors une volonté de provoquer, de mettre en scène la cruauté, de faire tomber le quatrième mur, de disloquer les règles de l’espace-temps, d’entremêler les genres du théâtre.
Ainsi, tout au long du XXe siècle le théâtre se transforme, tantôt inspiré par les autres arts, tantôt s’en éloignant. Des romanciers vont par ailleurs s’essayer au Nouveau Théâtre par des œuvres pouvant parfois aller de l’un à l’autre.