Si nous ne passons pas tous à table de la même manière, les plats que nous servons ne sont pas non plus identiques. La géographie et ses caractéristiques expliquent bien des habitudes culinaires et leur répartition sur le globe. À titre d'exemple, la proximité des cours d’eau et des côtes justifie la consommation de poissons et de coquillages dans certaines régions. La géographie physique, le climat, la qualité des sols, l’altitude… tout concourt à favoriser certaines denrées et, par extension, certains plats et certaines boissons aux différentes régions terrestres.
L’historien Fernand Braudel distingue, de l’Antiquité au XVIIIe siècle, trois grandes civilisations. Autour de la Méditerranée, au Moyen-Orient et dans la majeure partie de l’Europe, c’est le blé qui domine. Le riz, quant à lui, est la culture principale et la base de l’alimentation en Asie. Enfin, la troisième civilisation, celle du maïs, est celle du continent américain, un héritage précolombien.
Mais depuis la fin du XVIIIe siècle, la séparation de plus en plus grande des zones de production et des zones de consommation amène les villes à s’approvisionner plus loin et, de plus en plus souvent, dans des zones tropicales, peu soumises aux saisons et dans lesquelles les produits exotiques sont nombreux. Ces changements, intensifiés par la multiplication des voyages à l’étranger et celle des restaurants de différentes nationalités, sont à l’origine d’une nouvelle inquiétude : n’y aurait-il pas un appauvrissement des habitudes culinaires de chacun ? Une uniformisation des modes de se nourrir ? Mais la série de photographies de Peter Menzel et Faith d’Alusio (Hungry Planet: What the World Eats, 2005) montre combien les différences subsistent.