Le repas est un moment qui nous définit et dépend de nos lieux de vie, de notre culture, de notre histoire. En revanche, nous décidons aussi des limites que nous lui imposons. Les convictions religieuses, les idéaux éthiques, philosophiques, politiques entrent aussi en jeu.
Dans l’Antiquité, les rites religieux partageaient la nourriture des hommes avec les dieux : le sacrifice non seulement de céréales et d’herbes odorantes mais aussi d’un bœuf était considéré comme le moyen privilégié de communiquer avec les dieux dans la Grèce Antique. Ceux-ci se nourrissant d’odeurs délicieuses, on les faisait brûler pour les en régaler ; même les hommes étaient souvent invités à participer aux festins sacrés, où ils mangeaient la viande dont les dieux avaient reçu la fumée. De Prométhée à Caïn et Abel, les textes grecs et romains ainsi que l’Ancien Testament montrent de fréquents exemples de ces nourritures offertes. Inversement, les religions jouent également un rôle dans l’alimentation des hommes : l’islam et le judaïsme ont défini des lois alimentaires à base de permissions (ce qui est halal pour les musulmans, cachère pour les juifs) et d’interdits. Le catholicisme ne connaît pas d’interdit mais des périodes de jeûne ou de diète (le Carême).
Les limites que nous nous fixons ne sont pas toutes religieuses : nos façons de manger répondent aussi à nos convictions profondes, qu’elles soient écologiques (manger des produits de saison, privilégier l’agriculture locale), idéologiques (végétarisme, véganisme), diététiques (recours au jeûne intermittent, par exemple, ou interdiction d’aliments allergènes)… Enfin il ne faut pas oublier que parfois nos façons de manger ne sont pas vraiment maîtrisées mais deviennent pathologiques : les troubles du comportement alimentaire comme la boulimie et l’anorexie en attestent.