Expression d’une culture savante ou de la culture populaire, voire d’une contre-culture, la chanson, fusion d’un texte, d’une ou de plusieurs voix et d’une musique, a sa propre forme d’excellence mélodique (la recherche d’un air entêtant, d’une ritournelle, d’un « gimmick »), harmonique (l’art de la polyphonie et du canon), lyrique ou poétique.
Au Moyen Âge et à la Renaissance, les poètes musiciens, troubadours et ménestrels mettent au service d’un texte ballades, lais et litanies. Au XIXe siècle, le Lied allemand, dans lequel des compositeurs comme Schubert et Schumann ont excellé, témoigne de la vitalité du lien entre musique et poésie. Par ailleurs, à partir du XIVe siècle, rythmes et mélodies se complexifient. Apparaissent alors des formes savantes de polyphonies, de chansons à plusieurs voix. Les chants d’amour courtois, la chanson historique, le chant choral liturgique et l’opéra investiront ces formes. À côté de ces chansons savantes et littéraires, il y a les chansons populaires, « les chansonnettes », « les bergerettes », les chansons paillardes, folkloriques (Le Pont d’Avignon), les comptines. Souvent anonymes, elles appartiennent au patrimoine commun. L’essor des chansonniers, de l’opéra comique, du music-hall permet toutefois à des individualités d’émerger, comme le célèbre Béranger, au XIXe siècle, sacré « chansonnier national » de son vivant.
On peut ainsi distinguer chanson savante et populaire, mais souvent les deux se rencontrent dans des formes originales. Des artistes comme Bob Dylan mettent la musique populaire au service de textes élaborés. Inversement, comme cela se produit souvent à l’opéra ou dans le jazz, une sophistication musicale peut rehausser un texte convenu. Enfin, certains grands compositeurs, comme le hongrois Béla Bartók, ont puisé leur inspiration dans les chants folkloriques de leur pays. Alors, ce n’est plus le texte qui, dans le chant, se fait musique, mais le chant qui, en retour, informe la musique.