Les enjeux de la frontière entre les genres et entre les arts

Les genres en art classent les œuvres suivant certains critères factuels, notamment au cinéma, ce qui permet au public de s’y retrouver (et peut-être aussi, pour les studios, de normaliser le processus de production).

Ces catégories sont toutefois poreuses et les évolutions sont possibles, même si les études ont montré qu’il s’agit plutôt d’une réinterprétation de ce qui est venu avant.

Un maître en art ne fait pas pour autant uniquement preuve d’une parfaite maîtrise technique, il casse les codes pour proposer autre chose.

L’art est donc transgressif par nature, même si l’ironie veut que ceux qui ont franchi les frontières académiques finiront avec le temps par devenir des modèles donnés en exemple.

Ce besoin de s’affranchir des règles va se heurter à la censure, reflet dans une certaine mesure de l’opinion publique mais dirigée par des comités. À noter que le rejet du public n’est pas forcément proportionnel au côté « choquant » d’une œuvre.

L’art moderne a-t-il tué l’art en érigeant le banal au rang d’œuvres ? Non, mais la façon de l’appréhender a changé au profit de l’univers que l’on crée autour. (N. Heinich)

L’arrivée d’Internet a entraîné des mutations dans les modes de vie et dans la façon de concevoir l’audiovisuel.

TV et cinéma sont concurrencés par de nouveaux appareils électroniques. Comprendre la relation que le spectateur entretient avec eux est central. Plus de canaux uniques bien compartimentés : les appareils font tout à la fois et sont pour la plupart mobiles.

On assiste à des hybridations de plus en plus fréquentes entre genres, mais aussi entre techniques visuelles (prise de vues réelle, dessin, etc.)

La narration change : crossmédia (on décline les vidéos au mieux sur les différents supports) / transmédia (la vidéo s’allie à la photo, au son, au texte, et on propose un parcours libre au spectateur). « L’expérience utilisateur » prime. On fait vivre les choses, on ne se contente plus de les regarder.

Technologies de rupture (on change radicalement) ou de continuité (on se perfectionne) : les avancées scientifiques vont-elles mettre un terme aux médias et aux arts tels que nous les connaissons ?

Toutes évolutions confondues, l’art s’inscrit dans la durée (ce qui explique que des domaines comme la mode n’en font pas partie au sens strict du terme) et l’apparition d’arts nouveaux (photo, cinéma, etc.) n’a jamais tué la création.

En journalisme, la réalité immersive n’en est qu’à ses débuts, mais a montré une plus forte implication du public (Ex. : Project Syria).

La question de la logistique à mettre en œuvre et de l’impact émotionnel sur le spectateur se pose cependant.

En art, l’intelligence artificielle est, à présent, capable de réaliser un tableau grâce à des algorithmes, sans faire preuve d’inventivité toutefois.

Est-ce que tout est art, dans ce cas ? Non, mais c’est à l’abolition d’une frontière majeure que nous assistons : celle entre la science / la logique, et le créatif.