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Thème 2020 : Vérité(s) et mensonge(s) / Les représentations de la vérité et du mensonge dans les arts et les médias

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Philosophie et art

La philosophie porte un regard contrasté sur l’art.

Platon l’accusait de n’être que du faux et d’éloigner les gens de la vraie connaissance en les troublant (allégorie des ombres et de la caverne).

Aristote, au contraire, voyait dans la création l’essence même de l’être humain (des recherches actuelles l’ont confirmé : des mécanismes essentiels de notre cerveau sont à l’œuvre).

Le courant moraliste reprend ces opposés : tantôt l’art est un mensonge condamnable, tantôt l’esthétique nous porte plus haut ou, au moins, nous guide dans notre vie en nous servant d’exemple.

Si l’art sert volontairement le mensonge, la fin justifie-t-elle les moyens (ex. : Iwo Jima et le patriotisme « publicitaire ») et comment être certain de ne pas tomber dans la propagande (ex. : L. Riefenstahl) ? À moins qu’art et morale soient séparés (O. Wilde) ?

Autre aspect : faux-humain, l’androïde dans les arts nous amène à nous interroger sur la notion d’humanité : ce qui nous définit, nos responsabilités et nos craintes.

Le personnage du menteur dans les arts

Les arts nous montrent une image ambivalente du menteur avec, d’un côté, la condamnation morale alliée à une mise en garde pour ceux susceptibles de se faire berner (ex. : « Le Tricheur à l’as de carreau », G. de La Tour) et, de l’autre, une certaine fascination pour sa ruse et son panache (ex. : « Le Roman de Renart »).

Dans les films, le menteur semble être une mise en abîme du cinéma : une sorte d’acteur qui parfois se perd dans son rôle, confinant à la schizophrénie (ex. : « Le Bureau des légendes »).

Le mythomane, en inventant des histoires qu’il croit ensuite, exauce le fantasme de réécrire sa vie selon ses souhaits et tenir à distance la finitude humaine (ex. « Le Baron de Münchhausen »).

Deux conclusions s’offrent alors : soit le retour à la réalité, comme à la fin d’un film (ex. : « Arrête-moi si tu peux »), avec parfois l’idée sous-jacente de destin, soit le mensonge se fait performatif et, avec des efforts, ce qu’on a prétendu finit par devenir réalité (ex. : « My Fair Lady »).

Psychanalyse du mensonge dans les arts

Une étude psychanalytique peut être pertinente.

Les arts ont souvent recours à la symbolique (couleurs, ésotérisme, etc.) ou à l’allégorie (personnification d’un concept, comme « La Calomnie d’Apelle ») pour exprimer vérité et mensonge.

Comme lors d’une séance, ils mettent en lumière la manière d’aborder les non-dits et les résultats plus ou moins probants quand on crève l’abcès (ex. : « Festen », « Le Mensonge »).

Le masque au cinéma est une persona jungienne inversée : il montre ce que les protagonistes cachent aux yeux de la société (ex. : « Batman », « Scream »).

À l’inverse, comme dans les toiles de Vermeer, l’art pictural peut aussi être celui de la dissimulation, pour protéger l’intériorité.

À l’inverse, le mensonge peut être un moyen d’exprimer les aspirations d’une société (« Close-up »).

Une peinture, une photo historique, même (volontairement) inexacte, mais marquante peut contribuer au mythe d’une nation et forger l’inconscient collectif (ex. : Iwo Jima, peintres pompiers, etc.).

Vérité et mensonge : un côté ludique

Vérité et mensonge ont un côté moral, mais cela n’empêche pas l’humour : la satire (« Le Gorafi »), l’absurde (médiocrité du quotidien et des idéologies dans « To Be Or Not To Be ») ou l’ironie (très noire dans « Blow Out »). L’art peut nous offrir un mensonge sans mauvaises intentions, telle une bonne plaisanterie dont nous sommes complices (ex. : la fausse épave de D. Hirst, truffée d’antiquités anachroniques). La recherche de la vérité nous sert d’aiguillon, peu importe le cheminement (« Colombo »), la manière (ex. : croisement des points de vue, « Rashômon ») ou l’aboutissement (« Citizen Kane », « Basic Instinct »). Les spoilers, haïs des amateurs de séries TV, sont bien la preuve qu’une vérité déballée trop tôt gâche tout le plaisir ! Cette dynamique mensonge/vérité peut aussi être la marque d’une sorte d’élan vital qui nous pousse à forcer les choses pour changer la réalité du quotidien (ex. : faux autoportrait mais vrai photographe en manque de reconnaissance, H. Bayard).

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