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Thème 2018 : Statut et fonction du silence dans l’œuvre

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Le silence dans la narration : ellipses, tabous et non-dits

La littérature rejoint parfois le cinéma quand elle use du silence dans la narration. Il y a d’abord l’ellipse, qui passe sous silence des éléments de l’histoire sans grand intérêt, mais peut à l’inverse priver le lecteur d’informations essentielles, pour créer du suspense. Ce procédé peut aussi être la marque d’une rupture nette dans le déroulement de l’intrigue. 

Il y a de même le silence entre les personnages, coincés entre tabous et non-dits (ex : Lagarce), autre source de tension narrative, car le lecteur sait mais reste impuissant. Ce silence les coupe des autres, jusqu’à l’absurde parfois (ex : « Fin de partie », Beckett). 

Le silence métaphysique est d’une autre nature, il nous invite à la spiritualité (ex : Mallarmé) et nous pousse à nous interroger sur la nature humaine. 

Autre aspect lié : la thématique du silence comme symbole de la mort (métaphorique ou réelle) et de l’oubli, auquel s’oppose le bruit de la mémoire (film : « Nostalgie de la lumière », livre : « Dora Bruder »).

Le silence en photo / peinture : techniques & significations

Photo et peinture sont par nature des medias silencieux, que les scènes dépeintes le soient vraiment ou pas. La théorie des correspondances de Baudelaire explique le principe de synesthésie : une sensation peut nous en évoquer une autre, même si elle n’est pas éprouvée physiquement (ex : une photo avec une personne qui crie est compréhensible, même si on n’entend rien.) 

Tout l’intérêt sera donc d’étudier la tension entre son et silence, et le but de l’artiste qui joue avec. On « double » le silence en dépeignant des scènes silencieuses ou au contraire on utilise le contraste en figeant un moment bruyant. On laisse alors une part d’interprétation au spectateur, qui imagine ce qu’il ne peut percevoir (un peu comme quand on lit un livre) ou au contraire on le frustre, on crée une tension en le privant d’éléments qu’il ne peut que supposer et qui auraient été nécessaires à une compréhension sans ambiguïté. Les techniques pour y parvenir sont communes avec l’audiovisuel.

Le silence en audiovisuel : techniques & significations

L’absence de son seule ne suffisant pas à représenter le silence à l’écran, l’image doit clarifier les choses. Le cinéma, la peinture et la photo partagent beaucoup de techniques sur ce point. Il ne s’agit pas seulement de faire passer l’idée de silence mais d’en guider l’interprétation, positive (intimité, recueillement, etc.) ou négative (mort, coup de théâtre à venir, etc.) 

Voici quelques procédés classiques : 

  • le jeu sur les couleurs (chaudes ou au contraire froides, voire désaturées) ou la lumière (ex : les clair-obscur de Vermeer ou Rembrandt qui enferment leurs sujets dans une bulle coupée de l’ombre) ; 
  • le cadrage (le personnage semble trop petit par rapport au décor qui l’entoure) ; 
  • la composition (avec un « espace négatif » maximisé, c’est-à-dire un décor neutre, peu fouillé, ou dans le flou, qui isole le personnage) 
  • ou bien encore la symbolique (ex : F. Khnopff – doigt sur la bouche, etc.), qui peut aussi révéler des considérations esthétiques, culturelles ou éthiques.

Le silence en musique : techniques & significations

Comme l’ont montré certaines expériences artistiques (ex : le conceptuel « 4’33’’») ou scientifiques, le silence en musique n’est jamais total, parce qu’on entendra toujours un infime bruit de fond, réel ou simple illusion de notre cerveau. Il faudrait plutôt parler de pauses plus ou moins longues dans l’enchaînement des notes. 

Le silence peut être ponctuel ou servir la rythmique en devenant un leitmotiv. La musique crée des stimuli : leur arrêt va donc générer une frustration inconsciente chez l’auditeur et donc une attente de sa part. L’interprétation qu’il va faire de ces « trous » (atmosphère, sentiments exprimés, anticipation de ce que cela annonce, etc.) va dépendre de ce qui a été perçu avant : c’est l’enchaînement qui fait sens, un peu comme l’effet K au cinéma. 

Suivant les instruments utilisés et le tempo, le spectateur va « sentir » la tragédie (ex : « Coriolan »), la rêverie amoureuse (ex : « Prélude à l’après-midi d’un faune »), etc. Les BO de films sont un outil narratif.

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